mardi 29 avril 2014

P comme Premier soldat de France



- L’expression « premier soldat de France » est employée par le général Foch à Strasbourg, lors de la célébration de la victoire, à propos du soldat Albert Roche, du 27e Bataillon de Chasseurs à pied, au moment où il le présente à la foule. Quelques minutes avant, Foch l’a fait Chevalier de la Légion d’Honneur (il devient Officier en 1937). Albert Roche est aussi titulaire de la médaille militaire, de la croix de guerre et de 12 citations au total, pour ses actes de bravoure et ses 9 blessures notamment.
- Roche participe à différents actes prestigieux après le conflit (il est présent aux funérailles du maréchal French, il accompagne le cercueil du Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe) mais ne parvient qu’à occuper un modeste emploi à la poudrerie de Sorgues. A 44 ans, il est écrasé par un car ; ses obsèques ont lieu le 16 avril 1939.


- Vingt-deux ans plus tôt à la même date, Albert Séverin Roche attend le début de l’offensive Nivelle face à Chevreux et  à la « célèbre » tranchée de Lutzow (son unité est alors rattachée à la 66e DI). Le 27e BCP ne progresse pas, réalisant cependant la capture d’une cinquantaine de prisonniers et de matériel.
- Albert Roche est au centre d’un épisode assez confus dans ces journées d’avril 1917 (NDLA: celui-ci figure dans certaines biographies, est éludé par d’autres ; aucune source n’est jamais indiquée pour appuyer la véracité des dires). Pour retrouver son capitaine blessé, Roche rampe pendant six heures, puis quatre autres pour le ramener ; après l’avoir remis à des brancardiers, il s’endort dans un trou de guetteur. Découvert par une patrouille, il est immédiatement accusé d’abandon de poste en présence de l’ennemi et se retrouve sous la menace d’une exécution. Roche écrit quelques lignes à son père peu avant d’être fusillé : « Dans une heure je serai fusillé, mais je t’assure que je suis innocent. » Heureusement pour lui, le capitaine qu’il a aidé peut confirmer ses dires et le sauver juste avant le peloton d’exécution.

- Présent toute l’année 1917 au Chemin des Dames, Albert Roche s’illustre à plusieurs reprises, notamment au cours des combats de l’été dans la tranchée de la Gargousse et, surtout, à la bataille de La Malmaison (reprise du fort, poussée vers Pargny-Filain) où « il s’est brillamment comporté au cours des combats du 23 au 27 octobre 1917 par son mépris du danger. » (citation)





Source :
Article de Michel Merckel dans L’Express, Hors-Série « Ceux de 14-18 »



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mercredi 23 avril 2014

M comme Mort vraiment belle



- En janvier 1915, le 34e régiment d’infanterie, unité du sud-ouest, occupe le secteur autour de la ferme de la Creute. Au sein de la 5e compagnie, on trouve deux camarades, le sergent Jean-Baptiste Narp et le sergent fourrier Pauillac. Celui-ci écrit à la fin du mois à la fiancé du premier, décédé :  « Mademoiselle, comme vous le saviez nous étions à Hurtebise. Le matin du 25, bombardement intense de nos tranchées. […] Les Allemands arrivent, mais ils tombent fauchés par notre feu. Le capitaine m’envoie porter l’ordre au sergent Narp de se porter en avant avec sa demi-section. Je le fais au moment ! “C’est bien, me dit-il ! En avant”Puis il me serre la main, me dit adieu … “et surtout s’il m’arrive quelque chose, n’oublie pas ta promesse.”Je le voyais en tête, fier et crâne, puis il s’arrête au milieu d’un talus. Les Allemands sont là : “ Feu” cria t-il, et la salve de décimer les rangs ennemis. Mais cette fusillade a attiré l’attention sur lui. Tout d’un coup il lève les bras pour crier à nouveau mais il tombe à la renverse ! Pas un cri pas un râle ! Il est mort. La balle lui a traversé le cœur. Ainsi c’était fini. […] A la nuit tombante, je pars pour m’assurer de sa mort. Le doute ne pouvait exister. Il était là, froid. La main gauche sur son cœur d’où s’échappait un flot de sang. Je pris alors sur lui, cette dernière lettre de vous et lui laissait votre petite photo. Voilà, Mademoiselle, le récit de sa mort vraiment belle. »

- Jean-Baptiste Narp, 21 ans, obtient la Croix de Guerre, avec en outre citation à l’ordre de la Division : « A brillamment conduit ses hommes à la contre attaque. A été tué. »



Fiche MPF du sergent Narp

Sources principales : Joël Rocafort, Avant oubli. Soldats et civils de la Côté basque durant la Grande Guerre
 

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lundi 14 avril 2014

B comme "Bataille de la cote mal taillée"



- L’expression « bataille de la cote mal taillée » est employée par le général Emilien Cordonnier dans son article La victoire ajournée et l’arrêt de l’offensive d’avril 1917. Réponse à M. Paul Painlevé. Elle désigne le compromis réalisé à propos de l’attaque réalisée entre Berry-au-Bac et Reims quelques jours après l’échec de l’offensive du 16 avril, dans le cadre de la relance de l’assaut prévue pour début mai.

- Le contexte est complexe. Suite à la déception, la confiance en Nivelle est en baisse, tandis que les clans s’affrontent dans l’armée et que les politiques se mêlent de plus en plus des affaires militaires. Influencé par Pétain et par des messages souvent peu rassurants voire alarmants sur les éventuelles pertes humaines, le président du Conseil Paul Painlevé ordonne au général en chef de suspendre les plans prévus en direction du fort de Brimont dans l’attente d’une rencontre Nivelle / Pétain (29 avril, avec confirmation le 30).
- Après leur entrevue, il est finalement décidé d’attaquer au nord sur le Mont Spin et Sapigneul, mais pas au sud sur Brimont. Or, Brimont est un point fort de la défense allemande dans le secteur, ce qui voue l’offensive à un échec quasi assuré et empêche de viser quelque objectif ambitieux que ce soit (diminuer la pression allemande sur Reims par exemple).

- Les 4 et 5 mai, la 3e DI qui attaque au sud de Berry-au-Bac est en effet rapidement bloquée par l’artillerie et la bonne résistance allemandes, même si elle parvient à se maintenir sur le Mont Sprin difficilement gagné.



Sources :
Lieutenant-colonel Rousset, La bataille de l’Aisne (avril-mai 1917)   (page 85 et suivantes)
Denis Rolland, Nivelle. L’inconnu du Chemin des Dames (pages 186 à 189)


jeudi 3 avril 2014

V comme Vétéran



- Le 20 juin 1917, le 8e RI va cantonner dans la région de Provins. Le général Lacapelle, commandant du 1er Corps d’Armée, le passe en revue et remet plusieurs décorations. Parmi les soldats récompensés, l’un d’eux attire l’attention : l’adjudant-chef Joseph Drapier, 66 ans.


- Né à Val d’Ajol (Vosges ) en 1851, Joseph Drapier est soldat pendant la guerre franco-prussienne de 1870, déjà au 8e régiment d’infanterie, unité champenoise.

- En août 1914, ses deux fils sont mobilisés : Ernest (sergent au 31e RIC) meurt le 7 septembre pendant le siège de Maubeuge ; Raoul (94e RI) décède à Verdun le 21 mars 1916, où son père est aussi présent.


- Joseph Drapier s’engage dans l’armée, au 8e RI ; il est autour de Berry-au-Bac plusieurs mois entre 1915 et 1916 (en août 1915, il obtient la Croix de guerre avec la mention suivante : « Ancien soldat de 1870, engagé volontaire à l'âge de 64 ans, a toujours donné aux jeunes l'exemple du courage et de la bonne humeur ») puis participe à l’offensive Nivelle sur les bastions de Chevreux.







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