dimanche 30 janvier 2011

F comme Flamant (Paul)

« Quand vous reviendrez de la guerre, tâchez de l’oublier… »

- Ecrivain français
- 1874 – 1947

- En 1914, Paul Flamant est lieutenant. Après la bataille de la Marne, il poursuit les Allemands jusqu’aux alentours de Sapigneul avant d’assurer la relève de l’armée britannique début octobre dans la zone de Condé-sur-Aisne. Il est aux premières loges pour assister à la défaite de Vailly, le 30 octobre, qui oblige les Français à passer en rive gauche de l’Aisne (il évoque notamment la présence d’un espion allemand qui traverse l’Aisne à la nage pour les informer, « Jean-Pierre, dit le Grand Pêcheur »).
- Il reste dans le secteur jusqu’en février 1916.


- Du 14 avril au 18 mai 1917, Paul Flamant est à Berry-au-Bac (capitaine au 332e RI) pour l’offensive Nivelle puis les tentatives d’avancée suivantes, qui échouent toutes. Il obtient cependant la Légion d’honneur pour ses actes le 16 avril.



- « Quand vous reviendrez de la guerre, tâchez de l’oublier… ». Ce conseil d’un correspondant rémois, Paul Flamant ne peut se résoudre à le mettre en pratique. En 1924, il publie Le Réveil des vivants. Le livre se veut un contre-pied au livre de Roland Dorgelès, Le réveil des morts : il est plus optimiste, marqué par la nostalgie de la période de guerre et décrit un département de l’Aisne en évolution positive grâce à la reconstruction.
- « Ainsi donc, après avoir souffert pendant cinquante mois sur la ligne de feu, les sinistrés auront combattu pour l’édification de la paix, pendant cinquante autres mois, dans la boue des régions dévastées. Après les Poilus ils auront sauvé leur pays pour la deuxième fois. »





A consulter :
Un numéro de La France mutilée (1924) qui consacre un article au livre en page 2
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56047552.r=%22paul+flamant%22.langFR

Extraits:
http://www.revue-quasimodo.org/PDFs/9%20-%20HardierJagielski.pdf
http://www.crid1418.org/espace_pedagogique/documents/icono/sortie_guerre.html

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mercredi 26 janvier 2011

T comme Travailleurs coloniaux et étrangers

- Pendant la guerre, certaines troupes venus de l’empire colonial français ne combattent pas directement mais participent à des tâches de manutention pour aider l’armée ou remplissent des tâches difficiles et ingrates (la récupération des corps ou le déminage des zones récupérées par exemple). Ils sont gérés par le SOTC : Service de l’Organisation des Travailleurs Coloniaux.
- C’est le cas notamment de la quasi-totalité des soldats venus d’Indochine (près de 50 000 hommes). Au mois d’avril 1917, le 21e bataillon indochinois est ainsi employé à l’entretien des routes, des pistes d’atterrissage et à l’assainissement du champ de bataille au Chemin des Dames.


- Après 1918, les travailleurs coloniaux participent à la reconstruction des régions dévastées. Leur rôle est donc particulièrement important dans l’Aisne.
- Indochinois, Kabyles et environ 5 000 Chinois (qui ne font pas partie de l’empire français) vivent dans des cantonnements militaires à Bucy-le-Long, Braine, Bazoches, Courcelles ou Vasseny ; ils participent à la remise en valeur des terres agricoles et à la construction de routes et d’infrastructures de transport.
- La main d’œuvre étrangère n’est pas toujours bien vue lorsque le conflit commence à s’éloigner.
http://www.crid1418.org/espace_pedagogique/documents/icono/sortie_guerre.html
« Le district, qui commençait à fonctionner cahin-caha, n’employait guère comme ouvriers que des prisonniers de guerre et des Chinois, et tandis que ceux-ci, bien nourris, chaudement vêtus, flânaient dans le pays, se mettant quatre pour conduire une brouette vide et restant assis des heures sur les tas de décombres qu’ils devaient enlever, les habitants privés de tout, s’aigrissaient dans le désœuvrement.
Les Chinois étaient devenus les maîtres dans la contrée. On en trouvait des camps tout au long de la vallée, à Chassemy, à Couvrelles, et, excepté les commerçants qui vivaient d’eux, tout le monde les regardaient comme un fléau. Silencieux, invisibles, ils se faufilaient partout, pas plus gênés pour pousser une porte que pour grimper un mur, et à tout moment, des habitants rentrant chez eux en trouvaient d’installés à leur table, pas menaçants du tout, l’air avenant, au contraire, et qui écoutaient brailler leur hôte avec des yeux plissés d’astuce et une longue bouche qui se moquait du monde. Les déloger était impossible : ils faisaient semblant de ne pas comprendre et babillaient gentiment en chinois des choses qui étaient probablement des insultes, tandis que le sinistré, cramoisi de colère, s’égosillait en vain.
Que voulait vous que j’y fasse, répondait invariablement le chef du camp aux plaignants qui se présentaient. Il y a un surveillant par équipe de trente-cinq, et il en faudrait plutôt trente-cinq pour en garder un seul, tant ces rossards-là sont nés malins... Etes-vous mécontents de leur travail ? Cela regarde les Régions libérées... Si ce sont des déprédations que vous leur reprochez, il faudra adresser votre réclamation aux Affaires étrangères, car ils ne sont soumis qu’aux lois chinoises. Maintenant, moi, je dépends de la Guerre. A vous de choisir."

(Roland Dorgelès, Le Réveil des morts)



Sources :
http://www.stratisc.org/TC_5.htm

Exposition de la Caverne du Dragon sur l’Aisne après la guerre
http://www.caverne-du-dragon.com/UserFile/File/Espace_Presse/Dossier%20de%20presse%201919.pdf

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dimanche 23 janvier 2011

P comme Pertes



- Il est très difficile d’estimer le bilan précis des pertes lors de l’offensive Nivelle elle-même ou lors des combats de l’année 1917 dans le secteur du Chemin des Dames.
- En effet, aucun état des décès, blessures et disparitions officiel ne prend en compte toute la durée de l’offensive, mais plusieurs donnent des chiffres partiels, souvent contestés d’ailleurs. De plus, comme dans d’autres domaines, les sources ne se mettent pas d’accord sur les limites chronologiques ou géographiques des batailles de 1917.


- Denis Rolland vient de publier un article dans lequel il fait le point sur la question, sur les chiffres et sur la polémique qui les concerne (« La question des pertes sur le Chemin des Dames », Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie de l’Aisne, Tome LV, 2010).

- Ses chiffres sont les suivants : les Français ont perdu environ 232 000 hommes dans les batailles du Chemin des Dames en 1917 (il faut ajouter environ 45 000 pertes pour les combats à l’est de Reims, sur les Monts de Champagne). Le bataillon russe a perdu un peu plus de 5 000 soldats.
- Proportionnellement aux effectifs engagés, les combats de 1917 ne sont pas plus meurtriers que ceux de la Somme ou de Verdun.


- Côté allemand, Ludendorff écrit : « Notre consommation en hommes et en munitions avait été ici aussi extraordinairement élevée. » Sans toujours citer de sources, des historiens allemands avancent le bilan de 163 000 pertes pour l’Aisne et la Champagne jusqu’à la fin du mois de juin.

- Ce qui semble certains, c’est que les Alliés ont un bilan un peu plus lourd (autour de 15% ?) que les Allemands dans les combats qui s’étendent d’avril à octobre 1917 dans le secteur du Chemin des Dames.

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mercredi 19 janvier 2011

S comme Saxons (grotte des)

- Creute dont l’entrée se trouve à quelques hectomètres au nord-ouest de la Caverne du Dragon.

- La grotte des Saxons est baptisée ainsi par les Allemands (« Sachsenhöhle »), qui l’occupent à partir de septembre 1914. Dans les mois suivants, ils l’aménagent dans un but défensif et pour y assurer un certain confort.
- « Notre Grotte des Saxons avait un plafond de 15 à 20 mètres en grès. Il y avait de la place pour les réserves de tout le bataillon y compris l’état-major. Un moteur à injection de benzène assurait la lumière électrique dans les couloirs de la caverne et dans les espaces de cantonnement. A l’entrée, tout de suite à droite, il y avait un grand espace pour le commandement du bataillon, à gauche un poste de secours médical tout aussi grand et bien équipé. Plus loin vers l’arrière étaient situés les espaces de séjour des compagnies, le dépôt de munitions, l’espace pour le moteur, les latrines etc. La caverne avait quatre sorties A, B, C et D. Tout au fond de la caverne se trouvait un long tunnel étroit qui avait traversé jadis toute la crête ; maintenant la section de sortie était aux mains des Français et ces derniers l’avaient bien sûr fait exploser. La gaine d’aération qui s’y trouvait devait se situer aux environs de la deuxième ligne française actuelle. On s’y déplaçait donc en dessous des Français. » (lieutenant Plath dans l’historique du 2e régiment de la garde à pied, 19 avril 1917, traduit par Yves Fohlen dans la Lettre du Chemin des Dames n°17)


- A partir du 28 avril 1917, c’est le 19e RI qui se trouve dans le secteur ; pendant deux semaines, il se bat sur l’isthme d’Hurtebise, prenant et perdant la grotte des Saxons à plusieurs reprises et après des combats « furieux et répétés » (Historique).

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dimanche 16 janvier 2011

P comme Pont-Arcy


- Village situé entre l’Aisne et le canal latéral près de Bourg-et-Comin et Soupir
- 130 habitants

- Placé à un endroit stratégique, avec ses 2 ponts sur l’Aisne et le canal latéral, Pont-Arcy est un enjeu important lors de chaque offensive ou contre-offensive entre 1914 et 1918.

- En 1914, après quelques jours d’occupation allemande, le village revient en possession des Français, qui tiennent à tout prix à conserver une tête de pont au nord de l’Aisne. Mais il reste pendant trois ans à proximité immédiate de la ligne de front et de l’artillerie.

- Lorsque le front s’éloigne un peu, en avril 1917, le secteur devient zone de repos pour les troupes, tout en gardant son rôle essentiel dans l’acheminement et l’évacuation de celles-ci et de tout ce qui est nécessaire aux combats.


- Le 27 mai 1918, après quelques heures de l’offensive Ludendorff, Pont-Arcy assiste au retour des Allemands, qui franchissent l’Aisne vers 11 heures.
- Les Alliés reprennent le village le 10 octobre.


- Pont-Arcy est presqu’entièrement rasé en 1918. La population est divisée par 2 entre les recensements de 1911 et 1921 : de 129 à 68 habitants.

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mercredi 12 janvier 2011

M comme Marraines

- Plateau proche du fort de La Malmaison, à l’ouest des carrières de Bohéry

- Longtemps allemand, le plateau des Marraines est traversé par la ligne de front après l’offensive Nivelle d’avril 1917 qui permet aux Français d’y prendre pied, sans aller au-delà. Pendant plusieurs mois, il est partagé entre les deux armées, parcouru par les tranchées.

- Le 23 octobre, dès les premiers instants de la bataille de La Malmaison, les Français du RICM progressent sur le plateau (totalement bouleversé par les bombardements) et le dépassent, grâce notamment à l’appui des chars.



Carte issue du JMO du RICM

dimanche 9 janvier 2011

F comme Fichou


- Tranchée allemande proche d’Hurtebise

- La tranchée Fichou est âprement disputée car elle permet, avec sa voisine (tranchée de Libourne, qui passe sur l’emplacement du Monument) à la fois de mieux maîtriser l’isthme et le « doigt » d’Hurtebise et de surveiller l’entrée nord de la Caverne du Dragon, essentielle aux Allemands.

- Entre avril et septembre 1917, elle est sans cesse prise et reprise par les deux armées, qui ne peuvent s’y établir solidement donc longuement. La tranchée est donc en permanence creusée, nivelée, ce qui modifie légèrement son tracé …

- Fin avril, les troupes françaises y parviennent.
- Le 20 mai, les Allemands lancent une attaque d’envergure qui leur permet de récupérer toute la partie occidentale du « doigt ».
- Le 25 juin, les troupes françaises du 152e RI s’empare de la tranchée puis de la Caverne du Dragon. La veille, « torpilles et obus de 220 bouleversent la tranchée Fichou et les organisations allemandes du Doigt, où il ne doit pas faire bon se promener en rêvassant. Les explosions soulèvent des nuages de poussière. L’ennemi, maîtrisé, répond à peine. Excellent espoir. » (Dr Chagnaud, Avec le 15-2)

- Après plusieurs semaines d’incertitudes, ce n’est qu’en novembre, lors du repli allemand, que la tranchée est intégrée « définitivement » au système défensif français.




Pour une carte complète et précise du secteur, voir par exemple le JMO du 403e RI fin juillet 1917 …

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samedi 8 janvier 2011

R comme Richert (Dominik)

- Soldat allemand
- Saint-Ulrich (Alsace allemande) 1893 – Saint-Ulrich 1977

- Agriculteur, Dominik Richert est incorporé dans l’armée allemande en 1913 près de Mulhouse.
- Il combat sur le front occidental jusqu’au début de 1915 puis est envoyé sur le front oriental (Roumanie, Pologne, Lituanie), où il devient sous-officier.

- En avril 1918, après la fin des combats contre les Russes, son régiment est transporté vers l’Ouest. « Lorsque nous approchâmes de Laon, quatre bombes lancées par des avions tombèrent à côté du train : premier salut du front de l’Ouest. Cependant il n’y eut aucun dégât. Nous devions être débarqués à Laon, mais on dut descendre une station plus tôt, la ville essuyant justement un puissant tir d’artillerie. »
- Il déserte en juillet 1918.

- En 1989, on publie ses souvenirs, édités en France en 1994 : Cahier d’un survivant. Un soldat dans l’Europe en guerre, 1914-1918.



A lire:
http://dominique.richert.free.fr/cahiers1/remy%20cazals/index.htm

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mercredi 5 janvier 2011

V comme Village nègre

- Lieu de cantonnement constitué d’installations sommaires, que les soldats nomment ainsi de façon péjorative (il n’est pas réservé aux troupes coloniales). L’expression revient fréquemment dans les témoignages des soldats.

- On trouve plusieurs « villages nègres » dans le secteur du Chemin des Dames, dont la localisation fluctue parfois avec le temps.

- Ainsi, dans Le 201e en campagne, on lit en 1915: « Pour éviter les bombardements de Cormicy, nous n’utilisions plus le village comme cantonnement ; on avait aménagé, dans les bois situés entre Cormicy et Guyencourt, quelques baraques en bois : une sorte de village nègre qui s’appelait le camp des Grandes-Places ».
- Pierre Héricourt évoque « les guitounes à contre-pente d’un vrai village nègre » près des carrières de Madagascar (dans Le 418e, cité par le CRID 14-18).
- Même chose à proximité de Bétheny, près de Reims (JMO du 403e RI).

- Exemple, d’un « village nègre » à Soupir

- Le RICM (Régiment d’Infanterie coloniale du Maroc) séjourne fréquemment dans celui situé près de Vassogne au moment de l’offensive Nivelle. Il donne aussi son nom au « PC Nègre », à proximité. On y trouve un funiculaire pour monter le matériel sur le plateau de Paissy.

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dimanche 2 janvier 2011

C comme Crécy-au-Mont



- Village de la rive gauche de l’Ailette, au sud de Coucy-le-Château
- 320 habitants

- Le roman de Roland Dorgelès, Le réveil des morts (1923), donne à Crécy-au-Mont une place centrale puisque c’est le lieu de vie du héros, Jacques ; l’action du livre se déroule principalement dans le village ; sa reconstruction et ses difficultés y sont décrites abondamment.


- Les 450 habitants de Crécy-au-Mont voient arriver les Allemands le 1er septembre 1914, qui s’installent dans la zone pendant les semaines qui suivent.

- L’opération Alberich permet aux Français de reprendre possession de Crécy à la fin du mois de mars 1917. Le village est alors base arrière pour les attaques d’avril et mai en direction du Mont des Singes et de Laffaux.

- Crécy redevient allemand fin mai 1918 et le reste jusqu’à la reconquête française du 30 août.


- Fin 1918, « c’était de chaque côté le même terrain vague jonché de gravats, le tas seulement un peu plus haut si la maison avait été plus grande. La chaussée même était ravagée, crevée d’ornières, et, comme on n’y voyait pas, on se tordait les pieds à chaque instant. Une vaste décharge publique sur le village rasé … » (R. Dorgelès)
- La population de Crécy chute fortement à cause des années de guerre ; seuls 264 habitants sont recensés en 1921 (le niveau antérieur est atteint puis dépassé dans les années 1930). Le village reçoit la Croix de guerre le 17 octobre 1920.



- On trouve deux nécropoles sur les hauteurs du village, créées dès 1919. Le cimetière français rassemble 1 408 corps, beaucoup provenant des combats autour de Vauxaillon, tandis que la nécropole allemande regroupe 1 865 soldats provenant de 46 lieux différents (essentiellement morts en septembre 1914 et en 1918).





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