dimanche 31 octobre 2010

C comme Chars



- Les 16 avril et 5 mai 1917, dans la plaine près de Berry-au-Bac puis au Moulin de Laffaux, les chars français sont engagés pour la première fois lors des combats. Cette arme nouvelle et son utilisation suscitent à la fois, espoirs, déceptions et débats ; ceux-ci se poursuivent jusqu’à la deuxième guerre mondiale.


Une arme bien improvisée et mal utilisée

- Face aux nouvelles conditions de combat, militaires et ingénieurs civils cherchent de nouvelles armes aptes à franchir barbelés et réseaux de tranchées. Un des principaux concepteurs de l’arme est le général Jean-Baptiste Estienne. Malgré les luttes d’influence (l’Etat commande deux modèles différents aux groupes rivaux, qui au départ coopéraient, Schneider et Marine-d’Homécourt), « le processus d’ensemble aboutit malgré tout, en quelques mois, à un résultat technique acceptable : des engins lourds (de 8 à 20 tonnes) et fortement cuirassés, munis d’un canon de 75 à faible portée, pouvant se déplacer à 3 km/h environ en terrain accidenté, mais néanmoins sujets aux pannes et dont la capacité à franchir les tranchées est surestimée. » (A. Loez)
- Contrairement à ce que qu’espérait les concepteurs, il n’y a pas d’effet de surprise : les Britanniques utilisent leurs propres chars dans la Somme en septembre 1916 (à la consternation des Français), permettant aux Allemands d’élaborer des moyens de défense.
- De plus, l’AS (« artillerie spéciale ») est placée sous la tutelle du service automobile, « peu compétent en matière tactique. » (A. Loez)
- Surtout, l’utilisation des chars n’est pas véritablement intégrée au plan de l’offensive Nivelle : certains fantassins découvrent le matin même de l’attaque la présence des chars à leurs côtés, tandis que le généralissime les cantonne dans un rôle d’occupation des positions conquises (contrairement à ce que souhaitait un Franchet d’Esperey par exemple).


L’épreuve du feu : Berry-au-Bac et Laffaux


- Le 16 avril 1917, ce sont 121 chars d’assaut Schneider qui partent à l’assaut (8 se sont enlisés avant) sur un terrain favorable mais sur lequel les chars sont bien visibles et vite pris pour cibles. « Vers 8h30, dans un rayon de soleil apparurent sous les vivats de nos poilus les premiers chars du groupe Bossut. Du haut de la crête du Choléra, je les vois encore progressant dans l’étroit couloir entre Miette et Choléra, puis se disperser dans la plaine du Nord de cette position. Et presque aussitôt ce fut le drame. Pris à partie un par un par l’artillerie de campagne ennemie, les chars bardés à l’extérieur de bidons d’essence prirent rapidement feu. Je verrai toujours – vision d’horreur inoubliable – les hommes enflammés quittant les chars et courant, torches vivantes, dans la plaine ! » (capitaine Bourgoin)
- Leur chef, le capitaine Bossut, trouve la mort dans ces premières heures de combat, à la tête de son char. Cependant, les résultats sont plutôt convaincants : plusieurs chars ont dépassé la deuxième ligne allemande, atteint Juvincourt. Mais, faute de soutien de l’infanterie, ils doivent se replier sous le bombardement allemand, ce que peu parviennent à faire.

- Quel bilan ? 28 chars sont tombés en panne (23%), 52 ont été atteints par l’artillerie (43%), 35 ont été incendiés. On compte 180 tués, blessés ou disparus sur 720 hommes engagés, soit 25%, chiffre légèrement inférieur aux régiments de fantassins voisins. Les survivants racontent le plus souvent de façon positive et avec une certaine fierté leur journée, tandis que ceux qui n’ont pas combattu manifestent de l’impatience : « Nous étions furieux de n’avoir pas été engagés et réclamions à cor et à cri de prendre part à une attaque, quelle qu’elle fût. » (Marcel Fourier)
- Il faut noter que les « cadavres » des chars vont rester sur le terrain, bien visibles, jusqu’au nettoyage des champs après la guerre. Les soldats les signalent régulièrement, à l’instar de Paul Clerfeuille le 26 mars 1918 : « Nous voyons des tanks au nombre de 19, ils sont enlisés dans les marais, est de Berry, entre Craonne et Reims ; ils sont là depuis l’an dernier, pour l’offensive du 16 avril 1917 » (cité par R. Cazals). On peut aussi les voir sur les images prises par le dirigeable qui survole les champs de bataille de la région juste après la fin des combats.
Images sur le Forum 14-18

- La deuxième offensive des chars (cette fois des Saint-Chamond), le 5 mai, sur un terrain plus favorable, est mieux préparée en ce qui concerne la liaison avec l’infanterie. On perd 55 hommes, dont « seulement » 3 morts, pour un succès relatif.


- Le 23 octobre, lors de la bataille de La Malmaison, on reprend les mêmes principes poour la troisième utilisation des chars, avec un succès encore plus net cette fois.



Une expérience instructive ? Dogmes et débats de 1917 à 1939

- Quel était le rôle des chars le 16 avril ? Attaquer ou accompagner ? Nul ne le sait vraiment, surtout pas les combattants des chars eux-mêmes …
- Par conséquent, l’état-major, en premier lieu Estienne, précise la fonction pour l’assaut du 5 mai : accompagner l’infanterie, en plus petits groupes que le 16 avril pour ne pas représenter une cible trop facile. Se fixe alors un principe « devenant par étape un dogme intangible » (A. Loez) : les chars sont subordonnés à l’infanterie et ne constitue pas une force autonome. Ce principe convient bien à Pétain devenu généralissime, qui cherche à montrer qu’il est économe en vie humaine au moment où se déclenche les mutineries. C’est pourquoi sont commandés 3 500 chars que l’on accélère la conception du char léger Renault FT (« faible tonnage »). La victoire de La Malmaison confirme Pétain et l’état-major dans leurs choix.
- Estienne doit accepter ce principe, même s’il ne s’agissait pas de son idée originale, face aux problèmes rencontrés le 16 avril (même s’il cherche à en minimiser l’impact) ; en effet, ceux-ci remettent en cause l’existence même de cette arme nouvelle, et Estienne doit se rallier aux idées de Pétain pour voir le programme se poursuivre.

- Après la victoire, rien – évidemment – ne vient remettre en cause ces idées qui, en apparence, ont permis le succès. Les notes officielles de l’état-major dans les années 20 confirment donc que les chars sont un appoint subordonné à l’infanterie, à n’utiliser jamais groupés.
- Dans l’entre-deux-guerres, jamais « l’artillerie d’assaut » ne parvient à devenir une arme autonome. Le général Destienne est peu précis ou peu audible dans ses prises de parole et « joue un rôle extrêmement faible. » (A.L.)
- Il faut attendre les années 30 pour assister à des prises de position différentes parmi les spécialistes, notamment le lieutenant-colonel Charles de Gaulle (qui bénéficie d’une certaine notoriété) en 1933 et 1934 (Vers l’armée de métier) : « Et voici que les chars qui partout entrent en service laissent bien loin les formes frustes qui furent celles de leurs débuts. »
- Mais rien n’évolue côté français, en décalage avec ce qui se prépare outre-Rhin …



- En mai 1940, justement, le Chemin des Dames est témoin de nouveaux combats de chars, dans lesquels les Français ne parviennent – et encore difficilement – qu’à freiner l’avancée des blindés allemands, bien plus nombreux et mieux organisés.



- Inauguré en 1922, un monument construit près de Berry-au-Bac rend hommage aux chars d’assaut et à leur premier engagement, le 16 avril 1917.






Source principale : André Loez, « Le baptême du feu des chars d’assaut français. A l’origine de la défaite de 1940 ? », in N. Offenstadt (dir.), op. cit., pages 108 à 120
Voir aussi la Lettre du Chemin des Dames n°11, juin 2007, pages 4 et 5

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vendredi 29 octobre 2010

V comme Vuillermet (F.A.)

- Prêtre français
- 18?? – 19??

- Vuillermet devient aumônier de la 66e DI, affecté au groupe des brancardiers. Dans son récit Avec les Alpins, publié en 1918, il narre ses souvenirs au Chemin des Dames du 16 avril au 25 octobre 1917, rapportant aussi témoignages et rapports officiels (Norton Cru lui reproche dans Témoins une phraséologie guerrière artificielle et déplacée).
http://www.association14-18.org/references/regiments/sources/SourceFrBrancardiers_cont.htm


- Le 16 avril, il est en 2e ligne dans le bois de Beaumarais ; « nos batteries de 75 hurlent en notes stridentes le chant du départ. Par-dessus tout ce concert de rage, les sons graves de l’artillerie lourde, semblables aux bourdons de nos cathédrales, replissent l’air d’un chant qui ressemble à la plaintive mélodie d’un Dies Irae. » La reprise du barrage d’artillerie allemand en fin de matinée lui fait prendre conscience de l’échec de l’offensive. (Ph. Olivera dans N. Offenstadt dir., op. cit., page 82)
- Par la suite sa division se bat vers les bastions de Chevreux ; Vuillermet décrit les blessés qui affluent sans cesse, les cimetières improvisés qui se remplissent.

- Début mai, la division est relevée ; l’aumônier évoque dans ses souvenirs le moral très bas de la troupe, mais une page est censurée dan son recueil …
- Il est à nouveau en première ligne entre le 23 mai et le 16 juin, puis après une longue période de repos près de La Royère (tranchée de la Gargousse), fin juillet et début août.

- L’abbé Vuillermet suit à nouveau les troupes de la 66e DI qui partent à l'attaque aux premières heures de la bataille de La Malmaison, le 25 octobre 1917.


- Enfin, en septembre 1918 il participe à la poussée vers la ligne Hindenburg via Leuilly, Vauxaillon et le mont des Singes.

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mercredi 27 octobre 2010

C comme Clacy-et-Thierret


- Village du sud-ouest de Laon
- 350 habitants

- Peuplé de 180 habitants au recensement de 1911, Clacy-et-Thierret (le village principal et la ferme de Thierret, à quelques hectomètres à l’ouest) est occupé par les Allemands du début septembre 1914 jusqu’au 12 octobre 1918.

- Seuls 153 habitants sont revenus en 1921, avant que le chiffre n’augmente fortement.

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samedi 23 octobre 2010

P comme Publier la bataille

Une bataille dans la littérature de guerre

- Si l’on prend en compte l’ensemble des livres, brochures et articles de revue qui évoquent la bataille du Chemin des Dames de 1917, on obtient un corpus de 168 références. Cette période de la guerre occupe moins de place que d’autres dans la littérature de guerre, peut-être parce qu’il s’agit d’une année noire du côté français. Il existe ainsi une forme de gêne ou d’autocensure lorsqu’il s’agit d’évoquer les événements de 1917.
- Chronologiquement, les publications correspondent au rythme général : abondance à la fin de la guerre et dans l’immédiat après-guerre, déclin puis second pic au début des années 30.
- En ce qui concerne les genres, les témoignages dominent (28%), suivis des histoires générales de la guerre (20%) ; il faut noter le peu de romans écrits sur la bataille (5 au total, dont 3 consacrés à la victoire de La Malmaison).


Dynamique de la mise en récit de la bataille

- Le principe – apparemment une évidence – qui affirme qu’il vaut mieux attendre de posséder tous les détails d’un événement pour en raconter l’histoire est mis à mal lorsqu’il s’agit de 1917. « Dans le cas du Chemin des Dames, en effet, la mise en intrigue de la bataille se jour dans le sillage immédiat de l’événement, souvent à demi-mot dans le contexte très particulier de la guerre elle-même. Plus spectaculaire, le deuxième temps qui s’ouvre en 1919 (jusqu’en 1923) est celui de la polémique publique au cours de laquelle les éléments déjà présents du récit sont agencés. Par la suite, les différentes étapes de la mise en histoire de la bataille s’apparentent à des processus de répétition qui ne sont possibles que par la grâce de l’amnésie qui frappe les écrits antérieurs. »


A la source du récit : la rumeur et le démenti

- Les premiers écrits d’avril-mai 1917 qui évoquent l’offensive Nivelle sont clairement marqués par une propagande qui cherche à faire croire au succès, y compris de façon grossière, même lorsqu’il s’agit de répondre aux rumeurs qui évoquent l’échec. Les chroniqueurs (Henri Lavedan, Charles Benoist) imputent aux espoirs irréalistes le sentiment de déception qui règne alors. Cependant, « le démenti des chroniqueurs contribue à faire mieux encore circuler les récits de l’échec qu’il faudrait taire. Il confère à l’aveu précoce de l’échec l’onction de l’écrit noble. »
- La littérature dite « populaire » publiée juste après la guerre minimise la place de la bataille, la rattachant à une phase plus globale de la guerre (au chapitre sur la Somme, ou sur la victoire). C’est par exemple le cas des ouvrages de Gabriel Hanotaux ou de Victor Giraud. « On trouve le même refus de l’aveu direct et les mêmes manières de multiplier les signes indirects de l’évidence de l’échec que dans les chroniques de guerre. »

- En parallèle se multiplient les récits de faits d’armes « glorieux » ; « on se trouve presque à chaque fois à la source d’une chaîne narrative ininterrompue jusqu’à nos jours : le premier stock des épisodes signifiants de la bataille restera durablement sur le devant de la scène. »
- Il s’agit par exemple de la prise de Loivre, du recul allemand de la poche de Vailly (encore rappelé dans l’Almanach du combattant de 1987 pour célébrer l’anniversaire), de la prise de la Caverne du dragon ou de l’engagement des Basques sur le plateau de Vauclerc.
- « Même le symbole de l’échec et de la souffrance qu’est le désastre de la 2e division devant Craonne le 16 avril est très tôt surestimé » ; on insiste par exemple sur l’aspect héroïque de cette souffrance à travers la mort des deux aumôniers du 110e RI.

- « Dans les grandes lignes de son intrigue comme dans les détails de sa chair, le récit de la bataille est donc vite fixé, même s’il reste alors désordonné. […] De même que la rhétorique en trompe-l’œil du temps de guerre, la polémique qui s’ouvre en 1919 à propos de la bataille est une mise en scène qui cache mal l’essentiel : la composition du récit avec les éléments déjà disponibles. »


Les faux-semblants de la polémique

- Entre 1919 et 1923, une polémique oppose le « camp Nivelle » et le « camp Painlevé », souvent utilisée et gonflée par les revues bien contentes de créer des débats et de se trouver des ennemis pour alimenter leurs ventes. Il s’agit de savoir si les politiques ont arrêté l’offensive trop tôt. Plusieurs ouvrages et articles paraissent, chacun défendant un camp. Cependant, personne ne défend vraiment une position intransigeante pro-Nivelle et pro-poursuite des combats.

- « La première fonction de la polémique est alors d’ordonner les étapes d’une intrigue de type judiciaire. » L’ordre chronologique des événements déjà narrés dans les rapports parlementaires est alors repris : le remplacement de Joffre par Nivelle, le réaménagement du plan du premier par le deuxième, le retrait allemand, la conférence de Compiègne, enfin brièvement la bataille suivie des mutineries.
- La deuxième fonction de la polémique est de déplacer « le regard du désastre et des combats vers la conception stratégique et tactique de la bataille. » Deux événements deviennent centraux : la conférence de Compiègne et l’intervention de Painlevé et Pétain auprès de Nivelle pour faire annuler l’attaque sur le fort de Brimont lors de la deuxième phase de l’offensive, le 5 mai.
- « Enfin, la troisième fonction de la polémique est celle de la publication de l’archive jusqu’ici cachée. » Mais on ne fait en fait que reprendre les épisodes déjà bien connus et abondamment racontés depuis 1917 …

- Cette polémique de 1919-1923, « c’est la mise en forme presque définitive d’un récit déjà en puissance dans ses premiers éléments et à qui il ne manquait que d’être composé. L’histoire noble qui succède à la polémique n’apportera presque rien de neuf pendant que le témoignage sera prudemment tenu à l’écart de ce récit. »


Histoire et témoignage

- Les livres qui paraissent dans les années 20 puis le volume des Armées françaises dans la Grande Guerre (1931) ne font que reprendre ce qui a été écrit auparavant, sans polémique et avec le soin du détail. Ils donnent tous la même importance à l’avant-bataille et aux débats de cabinets et reviennent sur les mêmes épisodes militaires.
- Les ouvrages postérieurs reprennent les mêmes principes, y compris le livre de Pierre Miquel, le Chemin des Dames, paru à l’occasion du 80e anniversaire de l’offensive Nivelle, qui insiste sur la querelle entre civils et militaires comme clé d’interprétation.

- Le témoignage des combattants « reste à l’écart du récit de la bataille. » On fait par contre grand cas de la parole des chefs, dont les ouvrages sont abondamment utilisés et commentés. Les mémoires des soldats, qui sont pourtant la grande masse des écrits publiés sur la bataille à partir de la fin des années 20, sont négligées à moins d’évoquer des moments héroïques (Vuillermet) ou des polémiques (Bonnamy). Il faut citer le cas particulier des témoignages consacrés à l’engagement des chars (mais eux aussi vont dans le sens de l’héroïsme).
- « Les très nombreux témoignages publiés paraissent même frappés d’une forme d’indignité radicale dans leur rapport au récit de la bataille puisque c’est jusqu’à René-Gustave Nobécourt (1965), dont le principal propos est pourtant de rendre la bataille aux combattants, qui se passe de leurs services, leur préférant les témoignages inédits et anonymes qu’il a lui-même recueillis. »
- C’est cependant par les témoignages qu’arrive le récit des mutineries (le plus souvent déplorées), surtout dans la 2e vague de publication.




- « Contrairement à toutes les idées reçues, c’est bien dans l’urgence de l’actualité la plus ‟brûlanteˮ et dans le combat le plus polémique que s’élabore l’essentiel d’un récit bien peu corrigé par la suite. Le processus d’inlassable répétition du discours respectable de la ‟littératureˮ au sens large n’est ici possible que par l’oubli de ses formes antérieures et moins nobles. »







Source : Philippe Olivera, « Publier la bataille le ‟Chemin des Damesˮ (1917-1939 », in N. Offenstadt (dir.), Le Chemin des Dames. De l’événement à la mémoire, pages 298 à 316

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mercredi 20 octobre 2010

M comme Monument des Chasseurs alpins

- Monument élevé sur la commune de Braye-en-Laonnois, à l’extrémité du plateau de la Croix-sans-Tête

- Le 27e Bataillon de Chasseurs alpins est actif dans le secteur du Chemin des Dames en 1917. Il attaque en direction de Corbeny le 16, lors de l’offensive Nivelle, sans succès. Début juin, c’est le plateau de Californie, où « c’est un véritable enfer. »
- Le bataillon est à nouveau en première ligne en août, où il combat pour la tranchée de la Gargousse, repoussant le 10 une violente attaque allemande.
- Le 23 octobre, le 27e BCA participe à la bataille de La Malmaison avec pour objectif Pargny-Filain ; après avoir été longtemps bloqué, il parvient à contrôler le plateau puis à descendre vers le village et l’Ailette le 25.
(Historique)


- Le monument est l’œuvre de l’architecte André Lavorel. Il est inauguré le 31 août 1947 pour rendre hommage aux soldats du 27e BCA qui ont combattu pendant la première et, surtout, la deuxième guerre mondiale : de la terre d’Alsace et du plateau des Glières a été recueillie et placée dans deux niches aux pieds du monument. Le lieu a été choisi car le bataillon y a participé à de violents combats les 5 et 6 juin 1940, perdant le lieutenant Romieu (qui y avait son PC) notamment.

- Restauré en 2002, le monument du 27e BCA accueille régulièrement des cérémonies d’hommage aux soldats de cette unité.


Source : Lettre du Chemin des Dames n°8
Base Mérimée

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dimanche 17 octobre 2010

O comme Orainville


- Village des bords de la Suippe (rive gauche), au nord du fort de Brimont
- 460 habitants

- Orainville compte environ 220 habitants en 1914, avant que les Allemands n’occupent le village, pour toute la durée de la guerre malgré les tentatives françaises de la mi-septembre.

- Celui-ci devient une base arrière pour les soldats avant qu’ils partent en première ligne, vers Loivre ou le Mont Spin (Ernst Jünger y entend ses premières détonations d’obus en 1915).

- Le 16 avril 1917, des patrouilles qui passent par Berméricourt parviennent aux abords du village, mais le gros de l’infanterie ne suit pas et la ligne de front change peu.


- Orainville est libéré par les troupes françaises fin septembre 1918. La population, évacuée avant l’offensive Nivelle, n’est encore que de 103 habitants au recensement de 1921 (environ 160 aux suivants). En très grande partie détruit, le village est reconstruit.

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samedi 16 octobre 2010

V comme Voivenel (Paul)

- Intellectuel français
- Séméac (Hautes-Pyrénées) 1881 – Pamiers (Ariège) 1975

- Médecin à Toulouse (il choisit la psychiatrie), Paul Voivenel écrit aussi dans plusieurs journaux, notamment à propos de sa passion, le rugby.


- Entre 1914 et 1918, il sert comme médecin à la 67e DI de réserve, étudiant notamment le comportement des hommes face aux combats et à la peur. Il décrit notamment la « peur morbide », élément permettant d’expliquer certaines défaillances des soldats au front. Voivenel devient aussi spécialiste des gaz et publie de nombreux articles dans des journaux médicaux, devenant expert militaire (et titulaire de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur).

- En octobre 1917, Paul Voivenel participe à la bataille de La Malmaison. « A cinq heures, l’attaque d’infanterie se déclenche. Jour terne, humide. Dans le vent moisi, les feuilles du bois tourbillonnent. Ainsi font les hommes devant nous. Dès neuf heures, les « tuyaux » se multiplient et se contredisent. […] Et puis la phrase que l’on se passe des uns aux autres : « Tous les objectifs sont atteints. » […] Toute la nuit, les tirs de barrage violents ont souligné pour nous les contre-attaques boches. Nous n’aurons de tuyaux précis qu’avec les journaux et c’est là une des choses curieuses de la guerre actuelle : le combattant ne sait ce qui se passe autour de lui que par le communiqué officiel. »
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5596173s.image.r=l%27archer.f39.langFR.tableDesMatieres


- Après la guerre, il mêle ses activités médicales, journalistiques et littéraires, toujours très investi dans le milieu du rugby. Ses souvenirs de guerre, Avec la 67e Division de réserve, sont publiés sous forme d’articles dans la revue L’Archer.



Source principale :
http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/asclepiades/pdf/lestrade.pdf

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mercredi 13 octobre 2010

T comme Tranchée anglaise



- Tranchée située sur le plateau de Vregny, au nord de Bucy-le-Long

- La tranchée anglaise doit sans doute son nom aux soldats britanniques qui se trouvent dans le secteur lorsque le front se stabilise, en septembre 1914, et qui sont relevés quelques semaines plus tard par les Français.
- René-Gustave Nobécourt l’évoque (ou est-ce une autre, homonyme ?) dans son ouvrage : « Les Anglais, avec lesquels les tirailleurs voisinaient, échangeant cigarettes et fromage, construisaient une tranchée aussi, mais pas de la même façon : ils en coupaient de pare-éclats la rectitude. Ce sont des précautions que la guerre enseigne, quand elle est ‟de siègeˮ. […] Est-ce cette première tranchée du Chemin des Dames qui, jusqu’à la fin de la guerre, garda le nom de la‟ tranchée anglaiseˮ parmi tous les noms très divers qui permettaient de se situer dans ce labyrinthe de couloirs enterrés, sans autre repère parfois que le pied d’un mort sortant d’un parapet ? » (RG Nobécourt, op. cit., page 52)


- Au début de 1915, la tranchée anglaise constituent la 3e ligne de défense française. Il s’agit en fait d’un ensemble défensif : le JMO du 352e RI évoque LES tranchées anglaises, la première étant la « tranchée anglaise des observatoires ».
(pages 1 et 3)

- Le 13 janvier, alors que la bataille de Crouy fait rage depuis 5 jours, les Français tentent de résister à la pression allemande sur le plateau de Vregny à partir de ce point d’appui. A la mi-journée, ce sont « coude à coude, huit lignes d’Allemands qui montaient à l’assaut de la tranchée anglaise en face de la 18e compagnie, il y avait plus de mille hommes. En arrière, des masses progressaient dans la même direction. » (lieutenant Pey, 352e RI) La position française est ensuite contournée par la droite, obligeant les Français à l’évacuer vers 14 heures: « l’ennemi débouchait dans la tranchée anglaise, venant de notre droite, la suivant. Nous avons tiré puis le repli a commencé, en tirant quand il était possible, à cause des sinuosités de la tranchée. Par divers boyaux nous avons pu gagner le chemin creux du Montcel où se trouvait une pièce de 75 abandonnée. » (adjudant Caillat, 4e BCTP)




Source principale : F. Beauclerc, op. cit., page 113 notamment

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dimanche 10 octobre 2010

R comme Ripout (Paul)



- Soldat français
- Vieux Mareuil (Dordogne) 1891 – Juvincourt 1917

- En 1917, Paul Ripout est mitrailleur dans un char à l’AS 6 (« Artillerie spéciale »).

- La veille de l’offensive Nivelle, il écrit une lettre à ses parents.

« Dimanche, le 15 avril 1917, 13 heures, en attendant la bataille.

Bien Chers Parents,
Je ne puis savoir ce qui va en advenir. Je vous fais cette petite lettre avant de partir au combat qui, j’espère, sera des plus bénins. Mais toute fois que sur mon corps on découvre cette petite missive et qu’elle vous parvienne, prenez-la pour un salut que votre fils et frère vous fait avant d’affronter le danger, et qu’elle vous soit un puissant réconfort, car j’y mets un peu de tout moi-même. Ce matin j’ai été à la messe et j’ai communié ; je demande au Très-Haut de vous protéger sur cette terre, de vous venir en aide dans vos peines qui vont peut-être être cruelles, mais, croyez votre fils et frère, en mettez pas beaucoup d’attachement aux choses matérielles, nous sommes peu de chose sur cette planète. Si je ne puis revenir vous voir, ne croyez pas que je regrette de vivre, au contraire, j’aurais bien voulu revenir avec vous pour vous prouver la reconnaissance que vous méritez après tant de peines, et après toutes les choses que vous endurez comme douleur de voir au danger ceux que vous avez élevés jusqu’à vingt ans, et comme moi avec beaucoup de larmes et de veilles.
Je vais écrire à mon Frère Henry : il fait partie de l’armée de poursuite [la 10e Armée - NDLR] qui me suit aussitôt la 1ère avance. Ca va être dur, nous avons quelque chose à faire. Mais d’un côté, je préfèrerais que cette lettre ne vous parvienne pas, que ce soit moi-même qui vous arrive avec la paix et le bonheur.

Je vais vous dire au revoir, Chers Parents bien aimés.
Mes plus tendres baisers.
Paul »



- Paul Ripout n’apportera jamais en personne cette lettre à ses parents, qui la font encadrer dans leur salle à manger.
- Il est enterré dans la nécropole de Berry-au-Bac (tombe 72).




Fiche MPF
Fiche du Mémorial



Source : Lettre du Chemin des Dames n° 11


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vendredi 8 octobre 2010

T comme Tyrol



- Saillant situé à l’est du vieux Craonne, en bordure du village, qui tire son nom de la célèbre région alpine.
- C’est le pendant du saillant de Jutland, situé à l’ouest.


- Le saillant du Tyrol est un des bastions défensifs essentiels pour les Allemands dans le secteur lors de l’offensive Nivelle. Il est l’un des points où les troupes françaises sont bloquées et perdent beaucoup d’éléments.

- Le 8e RI attaque vers ces hauteurs le 16 avril 1917, mais les défenseurs du Tyrol font des ravages en son sein ; « notre attaque est prise d’enfilade par les mitrailleuses du saillant du Tyrol et de la Californie, qui sont intactes. » (général Guignabaudet, commandant de la 2e DI). « Toute progression devient dorénavant impossible ; à chaque tentative les canons revolvers de l’arrête Est du plateau de Californie, les mitrailleuses de Craonne, les mitrailleuses et fusils mitrailleurs du saillant de Tyrol, de même que les mitrailleuses des ouvrages Sud de Chevreux fauchent tout ce qui passe. » (JMO)

- Le 233e RI se trouve juste à gauche du 8e, bloqué aussi par les défenses allemandes ; la liaison entre les deux régiments est impossible tant les pertes ont lourdes et l’avancée bien moindre que prévue.
- La progression se fait mètre par mètre en direction de Craonne dans les jours suivants. Le saillant du Tyrol est finalement pris, mais soumis aux contre-attaques allemandes il doit être organisé défensivement.


- Pendant plusieurs semaines, le Tyrol est au cœur des combats autour de Craonne et du plateau de Californie.
- Sa dangerosité diminue lorsque la première ligne s’éloigne, le 2 novembre 1917, les Allemands se repliant sur l’Ailette. Ne restent alors que les ruines et les traces des combats, avant que la végétation, après-guerre, devienne la véritable maîtresse du saillant du Tyrol. « Le soir, nous quittons l’Ouvrage de la Corne dans le bois de Beaumarais, où nous sommes en soutien et au repos depuis 6 jours, et nous montons en première ligne sur le plateau de Craonne, face à Bouconville. […] Depuis le bois de Beaumarais jusqu’au haut du plateau, il y a une pente abrupte. Il faut monter d’abord par des boyaux rampants et tortueux jusque dans les ruines du bourg de Craonne. De là, nous passons près des décombres de l’église et du cimetière. » (Paul Clerfeuille, 16 avril 1918, cité par R. Cazals)

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mardi 5 octobre 2010

D comme Dalize (René)


- « Je suis le pauvre macchabé mal enterré,
Mon crâne lézardé s’effrite en pourriture,
Mon corps éparpillé divague à l’aventure
Et mon pied nu se dresse vers l’azur éthéré. »


(Ballade à tibias rompus, 1915)



- Poète français
- Paris 1879 – Craonne 1917

- Charles Dupuy des Islettes est un ami d’enfance d’Apollinaire (son nom figure dans « Zone », poème qui ouvre Alcool), qu’il rencontre sur les bancs du collège. Adulte, il se fait appeler René Dalize et devient marin tout en pratiquant le journalisme et l’écriture.
- Mobilisé en 1914, il combat au 8e, où il devient capitaine d’une compagnie de mitrailleuses, puis au 414e RI.

- Prêt à intervenir le 16 avril 1917 à Fismes, il n’est finalement pas engagé dans le combat à cause de l’échec de l’offensive Nivelle.
- Le 6 mai, le régiment se rend au Blanc-Sablon près de Craonnelle ; le lendemain, René Dalize monte sur le plateau de Californie (précisément sur « l’éperon nord ») récemment conquis pour relever des troupes usées de la 36e DI. « Le bombardement ennemi qui n’a pas cessé de la journée s’intensifie à 15h30 et atteint une très grande violence » ; de puissantes attaques allemandes se produisent, repoussées.
- René Dalize est tué, comme 36 autres hommes du régiment.

- Il n’a pas de sépulture connu, son cadavre enterré sommairement ayant sans doute été effectivement éparpillé à l’aventure. Apollinaire lui rend hommage dans la dédicace de Calligrammes en 1918 : « A la mémoire du plus ancien de mes camarades RENE DALIZE mort au Champ d’Honneur le 7 mai 1917 ».




Fiche MPF



Sources :
Lettre du Chemin des Dames n° 11
JMO du 414e RI

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dimanche 3 octobre 2010

B comme Bombardements

- Du 13 septembre 1914 au 12 octobre 1918, on peut estimer qu’il tombe entre 30 et 50 millions de bombes de tous calibres sur le Chemin des Dames. L’artillerie est devenue l’arme centrale des combats, occasionnant les deux tiers des pertes humaines, et l’enjeu de la production industrielle. C’est aussi le quotidien et un élément majeur de la vie et du ressenti des soldats sur le terrain.


Les bombardements lors des périodes de front passif du Chemin des Dames

- Pendant près des trois-quarts de la guerre, le front est « passif » : l’essentiel de l’activité agressive se limite à l’artillerie. Les tirs des deux camps sont minutieusement comptabilisés et analysés. Pour un corps d’armée (de 15 à 20 km de large), l’activité « normale » de l’artillerie se situe entre 600 et 1 200 obus tirés chaque jour.
- On peut distinguer 2 types de bombardements : les tirs imprévus qui réagissent à une observation ou à l’attitude de l’ennemi et les tirs planifiés avec objectif précis.
- La mortalité liée à l’artillerie dépasse alors les deux-tiers évoqués pour l’ensemble du conflit. « D’une façon plus générale, le rôle primordial désormais tenu par l’artillerie dans la mortalité des combattants modifie très nettement la perception et l’exercice de la violence envers l’ennemi et contre soi. » Contrairement aux guerres précédentes, on donne fréquemment la mort sans voir celui que l’on tue ; et de l’autre côté, on assiste à la mort de ses camarades sans qu’il y ait un « équilibre » visible (on subit des pertes sans que l’ennemi en subisse au même moment, contrairement par exemple à ce qui se passe lors de combats rapprochés). A cela s’ajoute les mutilations horribles – et « spectaculaires » – occasionnées par les obus.

- L’insécurité est permanente, sur une quinzaine de kilomètres de profondeur de part d’autre de la ligne de front. « Mais le drame ne disparaissait jamais complètement : c’est à côté de Vendresse que l’un de nos hommes, allant en permission et attendant, sur un lit, l’heure de partir, eut la tête enlevée par un obus » (L. Lefebvre). Le hasard joue un rôle essentiel : « Hier soir, un 210 était tombé à la porte de ma creute pendant que je n’y étais pas : trois tués et huit blessés. C’est la veine qui continue, jusqu’à quand durera-t-elle ? » (Henri Désagneaux, le 2 octobre 1917 près de Vauxaillon)



« Un déluge de fer et de feu » précédant et accompagnant les attaques de 1917 et 1918

- Au printemps 1917, les Français disposent pour les 40 km de leur front d’attaque de 5 310 canons, avec pour 7 jours : 6 500 000 cartouches de 75, 1 342 000 obus de 155 court et 434 000 coups de 120.
- Les ordres du général Nivelle prévoit une préparation d’artillerie du 2 au 11 avril : « 1ère période : destruction des batteries ennemies et réglages. 2e période : continuation de la destruction des batteries ennemies. Tirs de neutralisation. Destructions des organisations défensives. » Les conditions météorologiques et la nature du terrain nuisent aux réglages et à l’efficacité des bombardements : l’offensive est donc reportée au 14 puis au 16. On est conscients, côté français, que la préparation a été insuffisante, surtout contre les 2e et 3e lignes et contre les abris souterrains allemands.

- L’activité de l’artillerie est aussi très intense pendant la bataille des Observatoires, qui s’échelonne du 7 mai au 5 septembre 1917. Le 37e CA tire ainsi près de 5 000 obus par jour. Les attaques localisées sont préparées de façon très appuyée : 6 jours de bombardements pour l’attaque allemande du 19 juillet sur les plateaux des Casemates et de Californie
- Les Allemands mettent également au point un nouveau procédé très efficace : une préparation d’artillerie très courte, de quelques minutes mais « d’une violence inouïe », en général la nuit pour être discrète ; des bombardements toxiques se font aussi à l’arrière des premières lignes pour éviter repli ou renforts. L’attaque, pendant ou juste après la préparation, est menée par des troupes spécialement entraînées (Stosstruppen, unités d’assaut), qui utilisent abondamment lance-flammes et grenades.

- Côté français, on prévoit dès l’été l’attaque de La Malmaison, qui sera appuyée sur une forte concentration d’artillerie : 220 pièces sont concentrées sur chaque kilomètres (augmentation de 66% par rapport à avril), on tire du 17 au 23 octobre plus de 2 millions de projectiles d’artillerie de campagne, 850 000 d’artillerie lourde et 200 000 d’artillerie de tranchée. Là aussi, on « encage » les troupes allemandes en pilonnant les positions arrière pour éviter les renforts. Les creutes reçoivent un traitement particulier.

- L’attaque allemande du 27 mai 1918 s’inspire de ce qui a été mis en place à Riga le 31 juillet 1917 et expérimenté à l’ouest en mars : la préparation d’artillerie se fonde sur l’effet de surprise et sur la brièveté (moins de 3 heures, à partir de une heure du matin) compensée par la grande concentration et l’emploi intensif d’obus toxiques. « L’objectif est de neutraliser les organisations défensives plutôt que de les détruire. »



- L’effet des bombardements sur les soldats est terrible, créant une peur et une anxiété permanente, provoquant des attitudes de nervosité ou de torpeur extrêmes, que l’on soit dans une tranchée ou un tunnel, comme Gabriel Chevallier : « Je ne connais pas d’effet moral comparable à celui que provoque le bombardement dans le fond d’un abri. La sécurité s’y paie d’un ébranlement, d’une usure des nerfs qui sont terribles. Je ne connais rien de plus déprimant que ce martelage sourd qui vous traque sous terre, qui vous tient enfoui dans une galerie puante qui peut devenir votre tombe. Il faut, pour remonter à la surface, un effort dont la volonté devient incapable si l’on n’a pas surmonté cette appréhension dès le début. Il faut lutter contre la peur aux premiers symptômes, sinon elle vous envoûte, on est perdu, entraîné, dans une débâcle que l’imagination précipité avec ses inventions effrayantes. […] Je m’absorbe dans des tâches vaines. Mais je n’écoute que les obus, et mon tremblement intérieur répond au grand tremblement du chemin des Dames. »






Source : « ‟Déluge de feu et de fer.ˮ Les bombardements sur le Chemin des Dames entre 1914 et 1918 », in N. Offenstadt (dir.), Le Chemin des Dames. De l’événement à la mémoire, pages 65 à 76

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vendredi 1 octobre 2010

B comme Berthold (Rudolf)

- Aviateur (« As ») allemand
- Bamberg (Bavière) 1891 – Hambourg 1920

- Engagé dans l’infanterie en 1910, Rudolf Berthold apprend à piloter et devient aviateur à partir de 1915. Surnommé le « Chevalier de Fer », il remporte un grand nombre de succès et survit à plusieurs blessures graves.


- En mars-avril 1917, il est au Chemin des Dames, commandant la Jasta 14 (escadrille de chasse), qui stationne à Marchais et La Neuville. Berthold y remporte quatre victoires : Ostel (c’est sans doute lui qui descend l’avion du lieutenant Vernes), Malval (où il abat Jacques Borglotz le 6 avril), Corbeny, Beaumarais. Le 14 mai, son avion est touché et lui – à nouveau – grièvement blessé.
http://www.theaerodrome.com/aces/germany/berthold.php


- En août 1918, Berthold remporte sa 44e victoire mais une nouvelle blessure l’éloigne définitivement de l’armée ; il dirige alors une milice nationaliste qui lutte contre les spartakistes. En 1920, lors d’un combat, un émeutier le tue (peut-être avec le ruban de sa médaille « Pour le mérite », la plus haute distinction de l’armée allemande, obtenue en octobre 1917). Il est enterré à Berlin.



Sources principales :
http://en.wikipedia.org/wiki/Rudolph_Berthold
http://www.firstworldwar.com/bio/berthold.htm

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