vendredi 31 décembre 2010

D comme Desbordes (Jean)

- Soldat français
- 18 ? – 19 ?

- Jean Desbordes est mobilisé au 32e RI.
- C’était « un soldat qui accumulait les punitions. Déféré deux fois devant la justice militaire pour abandon de poste, rébellion et ivresse, il avait aussi été blessé deux fois et cité en mai 1916 [à Verdun]. » (Rolland)

- Le 9 mai 1917, après quelques jours dans le bois de Beaumarais, il monte en première ligne dans le secteur de Chevreux. Le commandant de sa compagnie n’étant pas avec ses troupes, il déclare : « Puisque le capitaine ne monte pas, moi non plus. » Desbordes retourne dans la tranchée du Négrier puis décide finalement de faire comme ses camarades ; mais il est pris de coliques et se retrouve enseveli (à ce moment-là !) par un obus allemand. Soigné, il rejoint sa compagnie au bout de 2 jours. Le 16 mai, reconnu malade, il ne suit pas les autres soldats et encourage un de ses camarades à en faire autant ; il insulte l’adjudant qui lui inflige 8 jours de prison pour ça.

- Déféré devant le conseil de guerre, il est condamné à mort ; mais sa peine est commuée en prison.



Source : Denis Rolland, La Grève des Tranchées, page 54

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mercredi 29 décembre 2010

C comme Chaouia



- Creute proche d’Oeuilly, dominant la vallée de l’Aisne

- Ce sont les Zouaves marocains qui occupent cette creute en avril 1917 qui la baptisent ainsi, d’après le nom d’une région du Maroc mais aussi du nom méprisant donné aux tribus arabo-berbères qui pratiquaient l’agriculture et l’élevage.

- La creute est transformée en poste de commandement (PC) par les Français du 6e régiment du Génie civil : des piliers maçonnés renforcent la carrière tandis que les trois niveaux de celle-ci sont transformés en dortoirs.

- La creute Chouia n’est aujourd’hui pas entretenue et subit les affres du temps et les dégradations des « visiteurs ».








Plus de photographies et détails sur :
http://ruedeslumieres.morkitu.org/espace_photos/france/pc_chaouai/index_carriere.html

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dimanche 19 décembre 2010

D comme Delvert (Charles)

- Enseignant français
- 1879 – 1940

- Professeur d’histoire à partir de 1901, Charles Delvert devient en parallèle lieutenant de réserve après son service militaire.
- Mobilisé au 101e RI, il obtient en 1915 le grade de capitaine. Après plusieurs blessures graves, il entre au GQG en août 1916.

- En avril 1917, il est affecté au 32e CA qui attaque dans le secteur de Sapigneul (il est sans doute situé à la cote 186, au-dessus de Cormicy). Dès 10 heures du matin le 16, Delvert constate le blocage face aux résistances allemandes.
- Il publie dès cette année-là Quelques héros, dans lequel il évoque notamment la prise de Loivre.


- Après la guerre, Charles Delvert reprend son métier de professeur tout en ayant une activité de journaliste et en écrivant des livres sur le conflit (il fait l’éloge de Témoins, de Jean Norton Cru). Il publie notamment en 1920 L’erreur du 16 avril, dans lequel il décrit minutieusement ce qu’il a vu depuis son poste le jour de l’offensive Nivelle.
http://www.association14-18.org/references/genealogie/delvertvscru.htm

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mercredi 15 décembre 2010

J comme Jutland


- Saillant situé à l’ouest du vieux Craonne, en bordure du village, qui tire son nom de la péninsule formant la partie continentale du Danemark.
- C’est le pendant du saillant du Tyrol, situé à l’est.

- Le saillant de Jutland, sur les pentes du plateau de Californie, est le premier obstacle que doivent affronter les troupes françaises des 1er et 201e RI qui attaquent dans le secteur de Craonne, le 16 avril 1917. Le saillant protège en effet la partie orientale de la tranchée du Balcon.
- Il offre une terrible résistance : « je ne puis presque rien faire pendant la journée du 18, ni celle du 19. Sur le front de combat il n’y a pas de changement et l’ennemi tenant toujours le sommet du saillant de Jutland, je ne puis aller inhumer nos morts en plein jour dans le ravin. » (Achille Liénart)

- Après plusieurs jours de durs combats, les Français parviennent à neutraliser le danger que représente le saillant, mais celui-ci reste une zone de combats pendant tout l’été.

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dimanche 12 décembre 2010

C comme Cote 132


- Hauteur située au nord-ouest de Crouy, en bordure du plateau traversé par la D1 (les cartes IGN actuelles indiquent une altitude maximale de 133 mètres)

(Vue de la cote 132 depuis les premières lignes françaises de 1914, avec en fond le bois contrôlé par les Allemands et, en arrière-plan, la ferme de La Perrière elle aussi entre leurs mains)


- Après les combats de septembre 1914, la cote 132 est divisée entre les deux armées. Les Allemands contrôlent le nord de la zone et le point le plus haut lui-même, parcouru par leurs tranchées ; les Français sont au sud, notamment dans les grottes du Petit-Bois. « La vallée de Crouy est dominée à l’ouest par un éperon appelé la cote 132, qu’une route à lacets, la route de Béthune, escalade de front. Au pied de la cote 132 passe la route de Maubeuge et le chemin de fer. Cette région remplie de grottes et de carrières était tenue solidement par l’ennemi ; là, en effet, se trouvait la charnière des positions allemandes. » (Historique du 60e RI)

(la cote 132: les tranchées françaises se trouvaient à gauche de la photographie; le chemin marque approximativement la première ligne)


- La cote 132 est le premier objectif de l’état-major français lors de la bataille de Crouy en 1915 : il s’agit de renforcer les positions de l’artillerie en rive droite de l’Aisne et de mieux contrôler les hauteurs au nord de Soissons. « L’échec de l’attaque du secteur Perrière-la Justice (12 novembre) démontre que toute progression au nord de Soissons est subordonné à la conquête de la cote 132 (plateau de Crouy) qui dès lors, devient l’objectif principal du 5e GDR. » (F. Beauclerc, op. cit., page 12)

- « Le mauvais temps empêche toute reconnaissance aérienne jusqu’au 8 janvier 1915, si bien qu’à l’aube de l’attaque, l’incertitude demeure sur le réseau défensif allemand. La zone d’attaque, présente l’aspect d’un plateau dénudé, couvert de chaume ou de betteraves pourries, légèrement ascendant vers les positions allemandes. » (F.B.)
- L’assaut est un succès dans un premier temps, la première ligne allemande n’offrant que peu de résistance, évacuée en grande partie. Dans la soirée, les Français ont bien pris pied sur la cote 132. « Les hommes ne sont parfois séparés des Allemands que par de simples talus ou des amoncellements de cadavres. » (F.B.) « Cette nuit a été effrayante, parce que nous étions exposés, sans défense, et dans la nuit, les impressions sont toujours intenses. On a su plus tard qu’on nous avait laissés là, en panne parce que les autres compagnies avaient rempli les tranchées conquises et qu’il n’y avait pas de place pour nous. Bref, à l’aube, nous entrons dans la tranchée allemande. » (lettre à sa femme de Henri Barbusse, soldat au 231e RI)


- Le lendemain, 9 janvier, les Français résistent aux tentatives allemandes : « une contre-attaque qui se massait sur 132 dans les tranchées, et dont on avait vu les baïonnettes, a été écrabouillée par groupe de 75 : pour une fois, le téléphone a fonctionné. Casques, fusils, bras et jambes sautaient en l’air par-dessus les tranchées … » (Paul Truffau, Quatre années sur le front. Carnets d’un combattant)
- Les troupes sont cependant usées car le terrain est difficile à organiser de façon défensive, notamment à cause des conditions météorologiques ; les relèves se font parfois dans de mauvaises conditions. De son côté l’état-major allemand s’accroche à cette hauteur, car sa perte remettrait en cause son attaque sur le plateau de Vregny voisin prévue pour le 14. La cote 132 devient donc le cœur de la bataille et décide du sort de tout le Soissonnais.


(Les vestiges de l'ouvrage "N", fortification allemande, et des réseaux de tranchées)


- Le 10 janvier, les Français reprennent l’offensive pour s’emparer de la ligne de tranchée « NOPQ » (du nom des ouvrages allemands qui la marquent, en bordure de plateau) et de la carrière Lombard, réserve essentielle pour les Allemands ; l’opération est une réussite, la maîtrise de la cote 132 est complète dans la soirée. Cependant, la prise de la hauteur n’entraîne pas le retrait espéré à Crouy, dans la vallée, ni une progression décisive (au total, l’avancée ne représente qu’un peu plus de 100 mètres).





- La maîtrise de la cote 132 est difficile : « Les hommes glissent, tombent, le canon du fusil se bouche, d’autres encore s’enlisent jusqu’au genou. Au bout de peu de temps, les mains souillées par la boue empêchent tout fonctionnement de la culasse, l’homme n’a plus que sa baïonnette » (JMO 109e brigade en date du 10 janvier 1915) ; « les tranchées allemandes de la cote 132 ne sont plus qu’un amas de boue encombré de cadavres, il est impossible d’y travailler utilement sous le bombardement. » (Lt-colonel Lejeune)

- Les difficultés du terrain ajoutées au manque de réserve en hommes et à un manque d’audace de certains officiers empêchent toute nouvelle progression française le 11 janvier, tandis que l’assaut sur le Chemin Creux, en contrebas, échoue.


- Si bien que le 12, ce sont les Allemands (désormais en position de force : leur plan d’attaque est prêt et la concentration de leurs troupes est achevée) qui reprennent l’initiative. Après avoir annihilé l’artillerie française du plateau de la Justice qui leur faisait tant de mal depuis quatre jours, ils passent à l’offensive sur la cote 132.
- Sous les coups des canons allemands, la grotte du Petit-Bois s’effondre et ensevelit l’état-major du 60e RI ; puis c’est l’assaut, qui leur permet une progression rapide et efficace malgré les pertes. En moins d’une heure, presque tout le plateau de la cote 132 est entre leurs mains.

(Vue du plateau de la cote 132, avec en fond les lignes françaises de 1914 et, dans le champ, les cheminées d'aération des champignonnières marquant l'emplacement de la grotte du Petit-Bois)

- Dans l’après-midi, ils poussent encore, notamment à l’ouest vers la ferme du Meunier noir, où quelques troupes françaises résistent finalement. A l’est en revanche, la cote 132 est évacuée et l’on se replie dans la vallée sur la route Crouy-Vauxrot. Le nombre de prisonniers français est considérable.


- Le 13 janvier, dans la nuit puis au petit matin, des tentatives de contre-attaques ont lieu, qui se soldent toutes par des échecs sanglants. Dans le même temps, l’essentiel de l’effort allemand se porte sur le plateau de Vregny, perdu lui aussi rapidement dans la journée.
- Dans la soirée, le repli sur la rive gauche de l’Aisne est ordonné. La cote 132 est entièrement aux mains des Allemands, et elle le reste jusqu’à leur repli sur la ligne Hindenburg (mars 1917).



- Depuis quelques années, un monument placé en bordure de forêt, sur la hauteur, rappelle les combats qui se sont déroulés en ce lieu et rend hommage aux unités françaises qui y ont participé.



A consulter: http://eperon-132-crouy.pagesperso-orange.fr/accueil_034.htm




Source principale : Franck Beauclerc, Soissons et la bataille de Crouy, éditions YSEC, 2009

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samedi 11 décembre 2010

E comme Etouvelles

- Village du sud-ouest de Laon, le long de l’Ardon et de la N2
- 210 habitants

- Avant 1914, Etouvelles est un village d’environ 120 habitants qui perd régulièrement de la population.
- Il est occupé par les Allemands pendant presque toute la durée de la guerre, relativement à l’abri des combats (si ce n’est lors de la reprise de la zone par le 355e RI, le 12 octobre 1918). Le 19 octobre 1917, la population est évacuée en prévision de la bataille de La Malmaison.

- Les destructions sont donc relativement minimes et la population augmente fortement après-guerre : 131 habitants en 1921, près de 160 dans les années 30.

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mercredi 8 décembre 2010

C comme Cartland (James)

- Officier britannique (et père d’écrivaine à succès …)
- Birmingham 1876 – Bois-des-Buttes 1918

- Fils d’un grand industriel (très actif dans le développement de Birmingham) dont il porte le même prénom, James Cartland est major au 1er bataillon du Worcestershire Regiment.

- Après plusieurs mois dans la région d’Ypres puis dans la Somme, le bataillon de Cartland arrive « au repos » en bordure de Miette au début du mois de mai 1918, éprouvé par les combats contre les Allemands du début du printemps.
- Le 27 mai, la brutale attaque allemande détruit le bataillon ; James Cartland est tué par tir d’obus aux premières heures du jour (il ne possède pas de sépulture connue ; son nom figure sur le mémorial de Soissons).


- Ses deux fils, John et James, meurent en 1940 lors de l’offensive nazie en direction des plages de la mer du Nord.
- Sa fille, Barbara, née en 1901, devient écrivain dans les années 1920 et se spécialise dans les romans sentimentaux avec beaucoup de réussite.



A lire
http://www.primrose-league.netfirms.com/cartland_files/cartland.html

Fiche de la Commonwealth War Graves Commission

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dimanche 5 décembre 2010

V comme Vauclair (Tourillon de)


- Lieu-dit qui marque l’extrémité occidentale de la tranchée du Balcon, au-dessus de Craonnelle. Il donne aussi son nom à une tranchée allemande qui prolonge la précédente vers l’ouest, en direction du moulin de Vauclair (un tourillon est un cylindre ; c’est un terme employé dans l’artillerie mais aussi dans l’optique ou la marine).

- Le tourillon de Vauclair est une position allemande sur les hauteurs du Ravin sans nom, leur permettant une bonne visibilité sur les assaillants français.

- C’est par là que le capitaine Battet, du 4e bataillon du 201e RI, parvient à s’infiltrer dans la tranchée du Balcon le 16 avril 1917 dans l’après-midi : les hommes partent à l’assaut « du Tourillon de Vauclerc qui n’est pas dans la zone d’action du régiment mais qui gêne sa progression parce que le 43e d’Infanterie l’a laissé à sa droite et derrière lui sans l’attaquer ni l’occuper. Au prix de pertes sensibles, la 14e compagnie s’en empare et s’y installe jusqu’au boyau de Stauffen dans la partie sud duquel il prend pied également » (JMO du 201e RI). A partir de là commence la conquête difficile de la tranchée du Balcon dans les heures suivantes …


- Le tourillon de Vauclair ne figure plus sur les cartes françaises après l’été (par exemple sur celui du 7e BCP en date du 10 septembre 1917).

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samedi 4 décembre 2010

Paissy (arbre)

- Arbre (aujourd’hui disparu) situé entre Paissy et le Poteau d’Ailles, sur la D 102, dans une légère courbe sur la droite en allant vers le Chemin des Dames (altitude 192 mètres). Il faut noter qu’il se trouvait un peu plus au sud de ce qu’indique les cartes IGN actuelles.

- « Le Chemin des Dames longe les champs de la ferme [de Paissy] ; et, au point culminant, un vieil orme, un « Sully », surveille le plateau. » On dit que l’Empereur, quittant le moulin de Craonne, à l’heure où les armées ennemies battaient en retraite, s’avança jusqu’à ‟l’arbre de Paissyˮ » (Gabriel Hanotaux, L’Aisne dans la Grande Guerre, page 50)

- Situé en secteur français, à proximité de la ligne de front, l’arbre de Paissy sert pendant toute la durée de la guerre de référence ou de point de repère aux deux armées. Même anéanti par les artilleurs qui se servent de lui pour orienter et régler leur tir, il continue de figurer dans les compte-rendus et dans les JMO (par exemple celui 218e RI en date du 31 octobre 1914 ou du 14 janvier 1915; celui du 123e RI en date du 22 avril 1917.

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mercredi 1 décembre 2010

J comme Jacobs (Josef)

- Aviateur (« As ») allemand
- Kreuzkappelle (Rhénanie) 1894 – Munich 1978

- Josef Jacobs devient pilote en 1912 et se porte volontaire lorsque la guerre commence. Après avoir menée des opérations de reconnaissance et d’observation, il devient pilote de chasse en 1916 ; surnommé « le Diable Noir », il remporte 48 victoires au cours de la guerre.

- Au début de l’année 1917, Jacobs arrive dans le secteur du Chemin des Dames. Il y aurait obtenu 12 succès jusqu’à son départ en août, mais seuls 3 lui sont officiellement attribués : deux avions à Cerny et Barisis (près de Saint-Gobain) ainsi qu’on ballon d’observation au-dessus de Laffaux, cette 5e victoire lui valant son titre d’ « As » et une promotion comme commandant d’une escadrille dans les Flandres. En juillet 1918, il obtient la médaille suprême de l’armée allemande, « Pour le mérite ».


- Après la guerre, il fonde sa propre société d’aviation ; refusant de collaborer avec les nazis, il s’enfuit aux Pays-Bas mais revient combattre dans la Luftwaffe (tout en étant opposé aux idées des dirigeants du Reich). Après 1945, il se consacre au sport dont il est passionné, notamment au bobsleigh.

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dimanche 28 novembre 2010

A comme Ailles


- Village disparu de la rive gauche de l’Ailette, au NO d’Hurtebise

- En 1914, Ailles est un village d’environ 120 habitants fortement touché (comme toute la région) par l’exode rural dont la fierté est l’orme planté près de l’église Saint-Martin en souvenir de la bataille de Craonne de 1814 (les soldats de Napoléon seraient passés par Ailles lors de leur assaut vers le Chemin des Dames).
Voir les photographies et les mémoires d’Aristide Martin sur le blog de J.F. Viel / Dumultien


- A partir de septembre 1914, Ailles est occupé par les Allemands, qui y créent notamment un cimetière militaire.
- Au printemps 1917, en prévision de l’attaque française, la population est évacuée vers Fourmies. Par la suite, l’artillerie qui prépare l’offensive Nivelle anéantit entièrement le village.
- Les ruines d’Ailles deviennent finalement françaises lors du repli allemand sur l’Ailette, le 2 novembre.


- Après la guerre, Ailles se trouve entièrement en « zone rouge » : l’Etat exproprie puis finalement rétrocède une partie des terrains à la population. En 1923, le président de la République décrète la fin administrative de la commune d’Ailles, dont le nom et le territoire son rattachés à la voisine Chermizy.

- Des projets d’édification d’une chapelle puis d’un calvaire sont abandonnés face aux besoins financiers nécessaires à l’adduction d’eau à Chermizy. Seul un monument édifié par le Touring-Club de France (1932) rappelle l’existence du village d’Ailles. Quelques traces de fondations des maisons sont encore visibles dans les champs.



- Un monument allemand en l’honneur du 159e RI et des victimes des deux camps a été construit en 1915 sur le territoire d’Ailles, au-dessus du cimetière. Bombardé et laissé à l’abandon depuis, il est malheureusement aujourd’hui très dégradé, toutes les sculptures et inscriptions ayant disparu.



A lire : Lettre du Chemin des Dames n°2


Base Mérimée sur Chermizy-Ailles

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vendredi 26 novembre 2010

H comme HOE

- « Hôpitaux d’orientation et d’évacuation » ou « hôpitaux d’origine d’étapes » selon les sources …
- Hôpitaux mis en place pour les cas les plus graves, chargés d’évacuer ensuite les blessés vers des hôpitaux de l’arrière par trains sanitaires.
- Un HOE comprend un personnel d’environ 750 soignants

- Pour l’offensive Nivelle, en 1917, on en compte huit (un par corps d’armée), situés principalement dans la vallée de la Vesle, à l’abri (relatif) du front : Mont-Notre-Dame, Saint-Gilles, Courlandon, Montigny, Prouilly, Muizon, Bouleuse et Vierzy (sud de Soissons). Vasseny s’ajoute à la liste un peu plus tard

- Les HOE sont dépassés dès le début de l’offensive Nivelle : prévus pour 10 000 blessés, ils en reçoivent 10 fois plus : trop de blessés s’y rendent, au lieu de passer d’abord par les postes de soin situés tout près des combats. A Prouilly, par exemple, l’HOE est plein dès le 16 avril à 19 heures, avec trois files de véhicules de 2 kilomètres en attente



Photos et informations sur l’HOE de Prouilly :
http://champagnegoulard.blogspot.com/2010/04/hopital-dorientation-et-devacuation.html



Source principale :
R. Verquin, « 1917 Le Chemin des Dames » dans L’Aisne Hors-série de 2007
et son article dans la Revue de la Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne

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mercredi 24 novembre 2010

H comme Héricourt (Pierre)

- Journaliste et écrivain français
- 1895 – 1965

- Pierre Héricourt prend part à la bataille du Chemin des Dames au sein du 418e RI au printemps 1917. Le 7 avril, son régiment arrive en première ligne au sud de Cerny-en-Laonnois ; il participe à l’offensive Nivelle le 16, sans pouvoir progresser au-delà de la sucrerie et de la deuxième ligne allemande.
- Retiré du front le 21, Héricourt y revient après quelques jours de repos le 7 mai, occupant pendant un mois des positions identiques puis un peu plus à l’ouest des précédentes.
- Il en part le 8 juin.


- Après la guerre, Pierre Héricourt devient un membre éminent de l’Action Française et défend les positions de l’extrême-droite dans les années 30 puis sous Vichy.

- En 1922 il publie ses souvenirs dans Le 418e, Un régiment. Des chefs. Des soldats



http://www.crid1418.org/doc/bdd_cdd/unites/DI153.html

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dimanche 21 novembre 2010

V comme Vassogne


- Village des pentes sud du Chemin des Dames, proche de la Caverne du Dragon et de la Vallée Foulon
- 60 habitants

- Vassogne est repris difficilement par les Français le 13 septembre 1914 après la contre-offensive alliée de la Marne.
- "L’arrêt
(18 septembre -28 octobre)
La mission confiée au 4e Zouaves a été glorieusement remplie. Bien qu'il n'ait pu déboucher à Hurtebise, ni se maintenir à Ailles, une ligne solide s'organise sur les crêtes Nord de la Vallée Foulon, où nous abordons le Chemin des Dames.
On commence à parler de secteur de bataillon. De Paissy à Vassogne, des tranchées de soutien sont creusées. Les hommes font l'apprentissage de ces travaux de terrassement, qui vont désormais sillonner nos plaines et les marquer comme d'une blessure, de la Mer du Nord à l'Alsace.
On passe les nuits à manier le pic et la pelle et tandis qu'une ligne de tirailleurs tient les hauteurs avancées, des compagnies stationnent en soutien dans les creutes ou se creusent, dans la vallée, des abris individuels.
On connaît maintenant les jours de garde et l'heure des relèves. II y a des périodes de repos dans les villages de Jumigny, Moulins, Pargnan; mais quel repos ! Le bombardement n'est guère moins intense que sur la ligne des tranchées. De nuit et de jour, même en dormant ou en jouant aux cartes, on attend l'obus de surprise et il y a des morts. Les distributions, qu'on fait à Troyon, Vassogne restent difficiles. L'ennemi devine nos habitudes et harcèle nos convois. Malgré son tir on circule et l'on travaille. Ainsi passe cette fin de septembre."

(Historique du 4e Zouaves)

- De par sa position, relativement à l’abri grâce aux pentes du plateau de Paissy, et grâce à ses nombreuses creutes, le territoire de Vassogne devient une zone de stationnement majeure des soldats français. Sur ces pentes, au nord, on trouve un « village nègre » et un funiculaire permettant d’acheminer le matériel vers les premières lignes du plateau.



- Au printemps 1917, les tirs d’artillerie allemands qui répondent à la préparation de l’offensive Nivelle anéantissent le village, qui n’était jusque là « que » très endommagé.
- « Les obus tombent sur les ravins, sur les tranchées, sur le ravitaillement, dans les villages voisins : Paissy, Oulches, Vassogne. Ces villages sont détruits et complètement en ruines. L’église de Vassogne est encore debout, mais sans toiture. » (Paul Clerfeuille, 12 mars 1917, cité par R. Cazals)




- Le village est vidé de sa population à la fin des combats, alors qu’il comptait environ 140 habitants avant-guerre ; en 1921, 43 habitants sont recensés (chiffre qui double cinq ans plus tard et s’approche de la centaine dans les années 1930).
- La Reconstruction, parrainée par le Puy-de-Dôme, se fait dans le cadre de la coopérative de Beaurieux ; la plupart des maisons sont remises à leur propriétaire en 1925.

- Pendant toute la guerre, trois cimetières occupent le territoire de Vassogne : le cimetière militaire français, le cimetière de la fontaine et le cimetière du village. Les tombes sont transférées dans les années 20 vers la nécropole de Soupir. Les seules tombes militaires aujourd'hui situées dans le cimetière communal sont des sépultures britanniques. (Source : Base Mérimée)




A noter : Vassogne abrite depuis 2010 un Musée de l’outil ancien grâce aux efforts de Stéphane Bedhome, historien travaillant notamment sur la reconstruction des communes du Chemin des Dames.

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vendredi 19 novembre 2010

A comme Ailleval

- Ferme (aujourd’hui disparue) et vallon situés entre Vauxaillon et Pinon, à proximité du Mont des Singes

- De septembre 1914 à mars 1917, le vallon d’Ailleval est en zone allemande, concerné de loin par les combats qui se déroulent un peu plus au sud.
- Après l’opération Alberich de mars 1917, la ligne de front se rapproche considérablement ; le secteur est alors renforcé considérablement, garni de défenses.
- La ferme reçoit les bombes qui préparent l’offensive Nivelle en avril et entraînent sa destruction.


- Le 23 octobre 1917, aux premières heures de la bataille de La Malmaison, le 99e RI progresse en direction du « doigt d’Ailleval », ce qui permet aux Français d'avancer vers Pinon et l’Ailette.


- En septembre 1918, le ravin d’Ailleval est à nouveau une zone de durs combats lors de la reconquête alliée. Les 5e et 6e BCP attaquent le 14 et le 15 au petit matin, progressent mais sont stoppés par les mitrailleuses allemandes sur les hauteurs de Pinon, qui causent des pertes très importantes dans les rangs français. « En fin d’attaque, l’effectif est tellement réduit qu’on ne peut songer à occuper sérieusement le ravin d’Ailleval, et les lignes sont ramenées à la bordure est du plateau. » Le 16, « le Boche, qui a de la peine à prendre son parti de sa défaite, se regroupe dans le ravin d’Ailleval et, à 6 heures profitant de l’état de bouleversement du terrain, de la faiblesse numérique de la garnison, il tente une nouvelle contre-attaque. Mais les chasseurs ne se laissent pas surprendre, les grenades éclatent de tous côtés, pendant que les mitrailleuses crépitent » ; « dans la matinée du 17, les Allemands renouvellent leurs tentatives de contre-attaques pour essayer encore une fois de nous déloger, mais peine inutile, ils peuvent à peine déboucher et finalement sont rejetés dans le ravin, d’où ils seront plus tard obligés de partir pour commencer et précipiter leur mouvement de retraite, au cours de laquelle ils lâcheront la place de Laon. »
Historique 5e BCP
Historique 6e BCP


- La ferme d’Ailleval n’est pas reconstruite après 1918, et plus rien aujourd’hui ne marque son ancien emplacement.

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mercredi 17 novembre 2010

S comme Santerre (Augustin)

- Soldat français
- 18 ?? – La Neuville 1914

- Augustin Santerre appartient au 1er régiment d’infanterie. Depuis le 13 septembre 1914, celui-ci est dans le secteur de Loivre à la recherche d’une rupture qui permettrait de gagner la guerre au plus vite.
- Dans la nuit du 30 septembre, Augustin attend avec ses camarades de monter en première ligne près de La Neuville, sur les bords du canal de l’Aisne à la Marne. Tout en discutant, il « bat la semelle pour se réchauffer ». Bien que situé à 2 kilomètres environ des premières lignes, l’adjudant Dutemple exige le silence absolu ; il demande par trois fois à Santerre d’arrêter, mais celui-ci s’obstine (« Je me fous de ce que tu dis. J’ai froid aux pieds, je veux qu’on me laisse tranquille »).
- Dutemple avise alors le lieutenant Dancoeur, qui convoque le soldat et, sans attendre la réponse de Santerre, l’abat d’une balle de revolver dans la tête : « Des hommes comme ça, voilà ce que j’en fais. […] Que cela serve d’exemple aux autres ! »


- Apprécié de ses hommes pour le soin qu’il prend d’eux, Dancoeur a cependant la réputation d’être un homme nerveux à la gâchette facile, porté sur la boisson. Il meurt sur la Somme, en 1916.

- Une fois la guerre finie, les parents d’Augustin Santerre cherchent à obtenir sa réhabilitation ; cependant, il n’y a pas de révision possible en cas d’exécution sommaire. Pour atténuer leur douleur, on attribue la médaille militaire à titre posthume à leur fils en 1920, avec la mention suivante : « Brave soldat tombé glorieusement pour la France, le 30 septembre 1914, à Neuville. »
- En 1924, une loi rend possible la révision d’un fusillé sans jugement. Augustin Santerre est alors réhabilité car son lieutenant n’a fait aucune sommation et car les Allemands étaient trop loin au moment des faits.




Source : Jean-Yves Le Naour, Fusillés. Enquête sur les crimes de la justice militaire, Larousse, 2010 (page 279)

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dimanche 14 novembre 2010

T comme Tueries


- Ferme et ravin proches de Vauxaillon, à un kilomètre sud-ouest du village

- Allemande à partir de septembre 1914, la ferme des Tueries (certains documents de l’époque orthographient ce lieu-dit « Thueries ») redevient française en mars 1917 après l’opération Albérich.

- Située légèrement à l’abri des pentes, elle sert au repos et aux soins des soldats qui combattent vers le Mont des Singes au moment de l’offensive Nivelle, en avril, puis lors de la bataille de La Malmaison, en octobre (voir par exemple le témoignage de Maurice Laruelle)


- La ferme des Tueries change encore de main entre fin mai et début septembre 1918.


- On y trouve en 1917 une ambulance et – donc – un cimetière provisoire français, dont les corps non réclamés sont déplacés en 1924 vers la nécropole dite du Vieux-Moulin, à Vauxaillon.

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mercredi 10 novembre 2010

M comme mai-juin 1940



- En mai 1940, le Chemin des Dames connaît à nouveau des combats entre Français et Allemands en conquête, même s’ils sont évidemment moins longs (puisqu’ils ne se figent pas dans cette zone, contrairement à ce qui se passe en septembre 1914).

- A partir du lancement de leur attaque, le 10 mai, les Allemands bombardent les lieux stratégiques de l’Aisne : aérodromes, gares. Les chars de Guderian qui ont franchi les Ardennes parviennent dans le nord du département le 14.
- Leur avancée est régulière, même si le 17, le colonel de Gaulle parvient à l’enrayer à Montcornet. Laon est bombardé une première fois le 19, puis atteint le lendemain.

- Toute la journée du 20, les blindés français essaient d’arrêter la progression, d’abord au sud de Laon, puis sur l’Ailette, mais doivent se replier face aux infiltrations des unités légères allemandes. Des combats ont lieu à Hurtebise, près de la ferme (une plaque sur le mur de celle-ci rappelle cet événement). Il s’agit alors avant tout de retarder l’offensive, pour permettre le repli des troupes et du matériel.
- Dans la soirée, le front se stabilise sur l’Aisne.

- Début juin, les combats reprennent de façon très intensive, notamment dans le Soissonnais et le long de la RN2, à nouveau près de l’ancien moulin de Laffaux. Le 5 et le 6, le 27e BCA subit de lourdes pertes sur les hauteurs de Soupir pour éviter le franchissement du canal de l’Aisne à l’Oise. Le 9, la rivière est franchie par les Allemands, qui foncent sur la Marne puis sur Paris.


- Même s’ils sont limités, les dégâts provoqués par ces combats existent. Des monuments construits après 1918 sont touchés, tel celui des Crapouillots.


- Des soldats, français ou britanniques, sont enterrés dans les nécropoles ou les cimetières communaux, aux côtés de ceux de la première guerre mondiale. L’immense cimetière allemand de La Malmaison (1965) regroupe les corps de soldats morts dans la région (et bien au-delà) entre 1940 et 1944.



A lire :
Lettre du Chemin des Dames° 19 (corpus photographique notamment)

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lundi 8 novembre 2010

D comme Dorme (René)

- Aviateur français
- Eix-Abaucourt (Meuse) 1894 – Reims 1917

- René Dorme obtient son brevet de pilote en avril 1915 à l’école de Pau et remporte ses premières victoires au printemps 1916 ; il rejoint « l’escadrille des Cigognes » à la fin de l’année . Devenu un « as », il est surnommé « le Père » ou « l’Increvable » ; 23 victoires officielles lui sont attribuées (lui en revendique plus de 60).


- En mars 1917, il arrive dans le secteur du Chemin des Dames, aux commandes de son SPAD VII. Sept avions allemands font partie de la liste officielle des victimes de René Dorme au cours de cette campagne, au-dessus de Fismes (31 mars et 19 avril), de Beaurieux (22 avril), d’Amifontaine (29 avril et 4 mai) et de Chivy-les-Etouvelles (10 mai).

- Dans la soirée du 25 mai 1917, l’avion de René Dorme est abattu près de Reims lors d’un vol d’observation et s’écrase dans les tranchées allemandes (on ne sait pas très bien qui est son vainqueur) ; le pilote meurt sur le coup.


Fiche MPF



Source principale
http://www.theaerodrome.com/aces/france/dorme.php

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samedi 6 novembre 2010

A comme Aérostiers

(Tombe d'un aérostier français dans le cimetière de Bligny - Marne)



- En 1914, la France doit réorganiser en urgence les compagnies d’aérostiers dissoutes en 1911 ; en effet, les Allemands se montrent largement supérieurs grâce à leurs Drachens dans cette nouvelle guerre de position et d’artillerie où l’observation est si importante. La tâche est confiée en particulier au capitaine Saconney
- On produit alors 7 ballons captifs par mois au début de 1915, 30 au début de 1917 et 319 en août 1918.

- Au Chemin des Dames en 1917 (contrairement à la Somme l’année précédente par exemple), les Français n’ont pas la maîtrise du ciel ; ils doivent alors ruser, augmentant le nombre de ballons par section et alternant les ascensions de 2 engins pour garder une certaine permanence.

- Les risques sont grands, les ballons étant une proie facile pour l’artillerie et surtout l’aviation ennemie (128 morts pour l’aérostation pendant la guerre, dont une moitié d’observateurs).
(sources : Isabelle Dumielle, 1914-1918. Au-dessus des lignes ; voir aussi http://aero.rigollot.com/aero1418verint.htm)


- Le 5 avril 1917, alors qu’il est près de Bourg-et-Comin dans la perspective de l’offensive Nivelle, le médecin Lucien Laby assiste à la scène suivante : « A la tombée de la nuit, un Aviatick arrive à toute vitesse sur un ballon-saucisse, presque au-dessus de nous. Avant qu’elle n’ait le temps de descendre, il en fait le tour en la mitraillant, à balles explosives : elle s’enflamme et descend brusquement. On paierait cher pour avoir un pareil spectacle ! Les deux observateurs sautent tour à tour de la nacelle, descendent en bolides… puis leurs parachutes s’ouvrent… ; la saucisse alors les rattrape et on voit les pauvres bougres flanquer des coups de pied pour tâcher de descendre plus vite, car s’ils sont pris dans la colonne de flammes, ils sont perdus. L’un d’eux passe si près du feu qu’on tremble pour lui. Il ne s’enflamme pas, heureusement. Mais le vent les pousse chez les Boches. Ils jettent alors leurs papiers, leurs photos, etc. Ils réussissent à atterrir près des lignes. (Quelques jours plus tard, on a vu le même coup mais l’Aviatick a fait demi-tour et a tué à la mitrailleuse les deux observateurs sans défense) » (page 226-227)


- Léon Crémière (né à Fontainebleau en 1884) est quant à lui lieutenant au 1er Groupe d’Aérostation chargé de l’observation du champ de bataille.
- Le 1er mai 1917, son ballon est incendié par un avion allemand ; pour se sauver, il saute en parachute mais s’écrase aux abords de Chassemy et décède.
(Fiche MPF)


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mercredi 3 novembre 2010

W comme Waldtunnel

- Tunnel allemand ("de la forêt") situé sous le plateau de Vauclerc
- Son entrée nord se situe dans le bois nommé par les Français « B1 », contigu à la forêt de Vauclerc ; il possède plusieurs sorties au sud, en première ligne allemande (tranchée von Lutwiz). le tunnel passe sous la route départementale.

- Le 5 mai 1917, lors de la relance de l'offensive Nivelle, le 123e RI attaque dans ce secteur à partir de 9 heures. « La progression se poursuit jusqu’à la tranchée d’Offenbourg au nord du Bois B1 cependant que des éléments désignés interdisent toute sortie à l’ennemi qui, du tunnel dit ‟Wald Tunnelˮ, pourrait chercher à déboucher pour nous prendre à dos. Des 5 groupes d’appareils Schilt adjoints aux fractions de nettoyage, 3 sont affectés à l’entrée sud et les 2 autres à l’entrée nord du Tunnel. »
- « A 16 heures le Wald Tunnel exploré renfermerait 300 prisonniers et 80 blessés. […] Dès lors l’opération est terminée et il reste à organiser le terrain conquis. »
- Le 6, « le Wald Tunnel est exploré par le génie qui installe à la sortie nord un barrage en sacs à terre. Les effets du tir d’une mitrailleuse allemande qui battait l’entrée sont ainsi évités. »
(JMO du 123e RI, avec cartes)


- Le « tunnel de la forêt » est dès lors intégré au système de tranchées français, et ce jusqu’au 27 mai 1918 où il sert à acheminer des renforts face à l’avancée rapide des Allemands, ce qui permet de retarder – brièvement – le déferlement des troupes d’assaut.


- « Le site fut très bien conservé en raison de sa fossilisation liée à la présence d´arbres. Les galeries sont aujourd'hui en partie comblées étant donnés leur effondrement et leur effritement. L'emprunt du tunnel présente actuellement un réel danger. »
(Base Mérimée)

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dimanche 31 octobre 2010

C comme Chars



- Les 16 avril et 5 mai 1917, dans la plaine près de Berry-au-Bac puis au Moulin de Laffaux, les chars français sont engagés pour la première fois lors des combats. Cette arme nouvelle et son utilisation suscitent à la fois, espoirs, déceptions et débats ; ceux-ci se poursuivent jusqu’à la deuxième guerre mondiale.


Une arme bien improvisée et mal utilisée

- Face aux nouvelles conditions de combat, militaires et ingénieurs civils cherchent de nouvelles armes aptes à franchir barbelés et réseaux de tranchées. Un des principaux concepteurs de l’arme est le général Jean-Baptiste Estienne. Malgré les luttes d’influence (l’Etat commande deux modèles différents aux groupes rivaux, qui au départ coopéraient, Schneider et Marine-d’Homécourt), « le processus d’ensemble aboutit malgré tout, en quelques mois, à un résultat technique acceptable : des engins lourds (de 8 à 20 tonnes) et fortement cuirassés, munis d’un canon de 75 à faible portée, pouvant se déplacer à 3 km/h environ en terrain accidenté, mais néanmoins sujets aux pannes et dont la capacité à franchir les tranchées est surestimée. » (A. Loez)
- Contrairement à ce que qu’espérait les concepteurs, il n’y a pas d’effet de surprise : les Britanniques utilisent leurs propres chars dans la Somme en septembre 1916 (à la consternation des Français), permettant aux Allemands d’élaborer des moyens de défense.
- De plus, l’AS (« artillerie spéciale ») est placée sous la tutelle du service automobile, « peu compétent en matière tactique. » (A. Loez)
- Surtout, l’utilisation des chars n’est pas véritablement intégrée au plan de l’offensive Nivelle : certains fantassins découvrent le matin même de l’attaque la présence des chars à leurs côtés, tandis que le généralissime les cantonne dans un rôle d’occupation des positions conquises (contrairement à ce que souhaitait un Franchet d’Esperey par exemple).


L’épreuve du feu : Berry-au-Bac et Laffaux


- Le 16 avril 1917, ce sont 121 chars d’assaut Schneider qui partent à l’assaut (8 se sont enlisés avant) sur un terrain favorable mais sur lequel les chars sont bien visibles et vite pris pour cibles. « Vers 8h30, dans un rayon de soleil apparurent sous les vivats de nos poilus les premiers chars du groupe Bossut. Du haut de la crête du Choléra, je les vois encore progressant dans l’étroit couloir entre Miette et Choléra, puis se disperser dans la plaine du Nord de cette position. Et presque aussitôt ce fut le drame. Pris à partie un par un par l’artillerie de campagne ennemie, les chars bardés à l’extérieur de bidons d’essence prirent rapidement feu. Je verrai toujours – vision d’horreur inoubliable – les hommes enflammés quittant les chars et courant, torches vivantes, dans la plaine ! » (capitaine Bourgoin)
- Leur chef, le capitaine Bossut, trouve la mort dans ces premières heures de combat, à la tête de son char. Cependant, les résultats sont plutôt convaincants : plusieurs chars ont dépassé la deuxième ligne allemande, atteint Juvincourt. Mais, faute de soutien de l’infanterie, ils doivent se replier sous le bombardement allemand, ce que peu parviennent à faire.

- Quel bilan ? 28 chars sont tombés en panne (23%), 52 ont été atteints par l’artillerie (43%), 35 ont été incendiés. On compte 180 tués, blessés ou disparus sur 720 hommes engagés, soit 25%, chiffre légèrement inférieur aux régiments de fantassins voisins. Les survivants racontent le plus souvent de façon positive et avec une certaine fierté leur journée, tandis que ceux qui n’ont pas combattu manifestent de l’impatience : « Nous étions furieux de n’avoir pas été engagés et réclamions à cor et à cri de prendre part à une attaque, quelle qu’elle fût. » (Marcel Fourier)
- Il faut noter que les « cadavres » des chars vont rester sur le terrain, bien visibles, jusqu’au nettoyage des champs après la guerre. Les soldats les signalent régulièrement, à l’instar de Paul Clerfeuille le 26 mars 1918 : « Nous voyons des tanks au nombre de 19, ils sont enlisés dans les marais, est de Berry, entre Craonne et Reims ; ils sont là depuis l’an dernier, pour l’offensive du 16 avril 1917 » (cité par R. Cazals). On peut aussi les voir sur les images prises par le dirigeable qui survole les champs de bataille de la région juste après la fin des combats.
Images sur le Forum 14-18

- La deuxième offensive des chars (cette fois des Saint-Chamond), le 5 mai, sur un terrain plus favorable, est mieux préparée en ce qui concerne la liaison avec l’infanterie. On perd 55 hommes, dont « seulement » 3 morts, pour un succès relatif.


- Le 23 octobre, lors de la bataille de La Malmaison, on reprend les mêmes principes poour la troisième utilisation des chars, avec un succès encore plus net cette fois.



Une expérience instructive ? Dogmes et débats de 1917 à 1939

- Quel était le rôle des chars le 16 avril ? Attaquer ou accompagner ? Nul ne le sait vraiment, surtout pas les combattants des chars eux-mêmes …
- Par conséquent, l’état-major, en premier lieu Estienne, précise la fonction pour l’assaut du 5 mai : accompagner l’infanterie, en plus petits groupes que le 16 avril pour ne pas représenter une cible trop facile. Se fixe alors un principe « devenant par étape un dogme intangible » (A. Loez) : les chars sont subordonnés à l’infanterie et ne constitue pas une force autonome. Ce principe convient bien à Pétain devenu généralissime, qui cherche à montrer qu’il est économe en vie humaine au moment où se déclenche les mutineries. C’est pourquoi sont commandés 3 500 chars que l’on accélère la conception du char léger Renault FT (« faible tonnage »). La victoire de La Malmaison confirme Pétain et l’état-major dans leurs choix.
- Estienne doit accepter ce principe, même s’il ne s’agissait pas de son idée originale, face aux problèmes rencontrés le 16 avril (même s’il cherche à en minimiser l’impact) ; en effet, ceux-ci remettent en cause l’existence même de cette arme nouvelle, et Estienne doit se rallier aux idées de Pétain pour voir le programme se poursuivre.

- Après la victoire, rien – évidemment – ne vient remettre en cause ces idées qui, en apparence, ont permis le succès. Les notes officielles de l’état-major dans les années 20 confirment donc que les chars sont un appoint subordonné à l’infanterie, à n’utiliser jamais groupés.
- Dans l’entre-deux-guerres, jamais « l’artillerie d’assaut » ne parvient à devenir une arme autonome. Le général Destienne est peu précis ou peu audible dans ses prises de parole et « joue un rôle extrêmement faible. » (A.L.)
- Il faut attendre les années 30 pour assister à des prises de position différentes parmi les spécialistes, notamment le lieutenant-colonel Charles de Gaulle (qui bénéficie d’une certaine notoriété) en 1933 et 1934 (Vers l’armée de métier) : « Et voici que les chars qui partout entrent en service laissent bien loin les formes frustes qui furent celles de leurs débuts. »
- Mais rien n’évolue côté français, en décalage avec ce qui se prépare outre-Rhin …



- En mai 1940, justement, le Chemin des Dames est témoin de nouveaux combats de chars, dans lesquels les Français ne parviennent – et encore difficilement – qu’à freiner l’avancée des blindés allemands, bien plus nombreux et mieux organisés.



- Inauguré en 1922, un monument construit près de Berry-au-Bac rend hommage aux chars d’assaut et à leur premier engagement, le 16 avril 1917.






Source principale : André Loez, « Le baptême du feu des chars d’assaut français. A l’origine de la défaite de 1940 ? », in N. Offenstadt (dir.), op. cit., pages 108 à 120
Voir aussi la Lettre du Chemin des Dames n°11, juin 2007, pages 4 et 5

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vendredi 29 octobre 2010

V comme Vuillermet (F.A.)

- Prêtre français
- 18?? – 19??

- Vuillermet devient aumônier de la 66e DI, affecté au groupe des brancardiers. Dans son récit Avec les Alpins, publié en 1918, il narre ses souvenirs au Chemin des Dames du 16 avril au 25 octobre 1917, rapportant aussi témoignages et rapports officiels (Norton Cru lui reproche dans Témoins une phraséologie guerrière artificielle et déplacée).
http://www.association14-18.org/references/regiments/sources/SourceFrBrancardiers_cont.htm


- Le 16 avril, il est en 2e ligne dans le bois de Beaumarais ; « nos batteries de 75 hurlent en notes stridentes le chant du départ. Par-dessus tout ce concert de rage, les sons graves de l’artillerie lourde, semblables aux bourdons de nos cathédrales, replissent l’air d’un chant qui ressemble à la plaintive mélodie d’un Dies Irae. » La reprise du barrage d’artillerie allemand en fin de matinée lui fait prendre conscience de l’échec de l’offensive. (Ph. Olivera dans N. Offenstadt dir., op. cit., page 82)
- Par la suite sa division se bat vers les bastions de Chevreux ; Vuillermet décrit les blessés qui affluent sans cesse, les cimetières improvisés qui se remplissent.

- Début mai, la division est relevée ; l’aumônier évoque dans ses souvenirs le moral très bas de la troupe, mais une page est censurée dan son recueil …
- Il est à nouveau en première ligne entre le 23 mai et le 16 juin, puis après une longue période de repos près de La Royère (tranchée de la Gargousse), fin juillet et début août.

- L’abbé Vuillermet suit à nouveau les troupes de la 66e DI qui partent à l'attaque aux premières heures de la bataille de La Malmaison, le 25 octobre 1917.


- Enfin, en septembre 1918 il participe à la poussée vers la ligne Hindenburg via Leuilly, Vauxaillon et le mont des Singes.

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mercredi 27 octobre 2010

C comme Clacy-et-Thierret


- Village du sud-ouest de Laon
- 350 habitants

- Peuplé de 180 habitants au recensement de 1911, Clacy-et-Thierret (le village principal et la ferme de Thierret, à quelques hectomètres à l’ouest) est occupé par les Allemands du début septembre 1914 jusqu’au 12 octobre 1918.

- Seuls 153 habitants sont revenus en 1921, avant que le chiffre n’augmente fortement.

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samedi 23 octobre 2010

P comme Publier la bataille

Une bataille dans la littérature de guerre

- Si l’on prend en compte l’ensemble des livres, brochures et articles de revue qui évoquent la bataille du Chemin des Dames de 1917, on obtient un corpus de 168 références. Cette période de la guerre occupe moins de place que d’autres dans la littérature de guerre, peut-être parce qu’il s’agit d’une année noire du côté français. Il existe ainsi une forme de gêne ou d’autocensure lorsqu’il s’agit d’évoquer les événements de 1917.
- Chronologiquement, les publications correspondent au rythme général : abondance à la fin de la guerre et dans l’immédiat après-guerre, déclin puis second pic au début des années 30.
- En ce qui concerne les genres, les témoignages dominent (28%), suivis des histoires générales de la guerre (20%) ; il faut noter le peu de romans écrits sur la bataille (5 au total, dont 3 consacrés à la victoire de La Malmaison).


Dynamique de la mise en récit de la bataille

- Le principe – apparemment une évidence – qui affirme qu’il vaut mieux attendre de posséder tous les détails d’un événement pour en raconter l’histoire est mis à mal lorsqu’il s’agit de 1917. « Dans le cas du Chemin des Dames, en effet, la mise en intrigue de la bataille se jour dans le sillage immédiat de l’événement, souvent à demi-mot dans le contexte très particulier de la guerre elle-même. Plus spectaculaire, le deuxième temps qui s’ouvre en 1919 (jusqu’en 1923) est celui de la polémique publique au cours de laquelle les éléments déjà présents du récit sont agencés. Par la suite, les différentes étapes de la mise en histoire de la bataille s’apparentent à des processus de répétition qui ne sont possibles que par la grâce de l’amnésie qui frappe les écrits antérieurs. »


A la source du récit : la rumeur et le démenti

- Les premiers écrits d’avril-mai 1917 qui évoquent l’offensive Nivelle sont clairement marqués par une propagande qui cherche à faire croire au succès, y compris de façon grossière, même lorsqu’il s’agit de répondre aux rumeurs qui évoquent l’échec. Les chroniqueurs (Henri Lavedan, Charles Benoist) imputent aux espoirs irréalistes le sentiment de déception qui règne alors. Cependant, « le démenti des chroniqueurs contribue à faire mieux encore circuler les récits de l’échec qu’il faudrait taire. Il confère à l’aveu précoce de l’échec l’onction de l’écrit noble. »
- La littérature dite « populaire » publiée juste après la guerre minimise la place de la bataille, la rattachant à une phase plus globale de la guerre (au chapitre sur la Somme, ou sur la victoire). C’est par exemple le cas des ouvrages de Gabriel Hanotaux ou de Victor Giraud. « On trouve le même refus de l’aveu direct et les mêmes manières de multiplier les signes indirects de l’évidence de l’échec que dans les chroniques de guerre. »

- En parallèle se multiplient les récits de faits d’armes « glorieux » ; « on se trouve presque à chaque fois à la source d’une chaîne narrative ininterrompue jusqu’à nos jours : le premier stock des épisodes signifiants de la bataille restera durablement sur le devant de la scène. »
- Il s’agit par exemple de la prise de Loivre, du recul allemand de la poche de Vailly (encore rappelé dans l’Almanach du combattant de 1987 pour célébrer l’anniversaire), de la prise de la Caverne du dragon ou de l’engagement des Basques sur le plateau de Vauclerc.
- « Même le symbole de l’échec et de la souffrance qu’est le désastre de la 2e division devant Craonne le 16 avril est très tôt surestimé » ; on insiste par exemple sur l’aspect héroïque de cette souffrance à travers la mort des deux aumôniers du 110e RI.

- « Dans les grandes lignes de son intrigue comme dans les détails de sa chair, le récit de la bataille est donc vite fixé, même s’il reste alors désordonné. […] De même que la rhétorique en trompe-l’œil du temps de guerre, la polémique qui s’ouvre en 1919 à propos de la bataille est une mise en scène qui cache mal l’essentiel : la composition du récit avec les éléments déjà disponibles. »


Les faux-semblants de la polémique

- Entre 1919 et 1923, une polémique oppose le « camp Nivelle » et le « camp Painlevé », souvent utilisée et gonflée par les revues bien contentes de créer des débats et de se trouver des ennemis pour alimenter leurs ventes. Il s’agit de savoir si les politiques ont arrêté l’offensive trop tôt. Plusieurs ouvrages et articles paraissent, chacun défendant un camp. Cependant, personne ne défend vraiment une position intransigeante pro-Nivelle et pro-poursuite des combats.

- « La première fonction de la polémique est alors d’ordonner les étapes d’une intrigue de type judiciaire. » L’ordre chronologique des événements déjà narrés dans les rapports parlementaires est alors repris : le remplacement de Joffre par Nivelle, le réaménagement du plan du premier par le deuxième, le retrait allemand, la conférence de Compiègne, enfin brièvement la bataille suivie des mutineries.
- La deuxième fonction de la polémique est de déplacer « le regard du désastre et des combats vers la conception stratégique et tactique de la bataille. » Deux événements deviennent centraux : la conférence de Compiègne et l’intervention de Painlevé et Pétain auprès de Nivelle pour faire annuler l’attaque sur le fort de Brimont lors de la deuxième phase de l’offensive, le 5 mai.
- « Enfin, la troisième fonction de la polémique est celle de la publication de l’archive jusqu’ici cachée. » Mais on ne fait en fait que reprendre les épisodes déjà bien connus et abondamment racontés depuis 1917 …

- Cette polémique de 1919-1923, « c’est la mise en forme presque définitive d’un récit déjà en puissance dans ses premiers éléments et à qui il ne manquait que d’être composé. L’histoire noble qui succède à la polémique n’apportera presque rien de neuf pendant que le témoignage sera prudemment tenu à l’écart de ce récit. »


Histoire et témoignage

- Les livres qui paraissent dans les années 20 puis le volume des Armées françaises dans la Grande Guerre (1931) ne font que reprendre ce qui a été écrit auparavant, sans polémique et avec le soin du détail. Ils donnent tous la même importance à l’avant-bataille et aux débats de cabinets et reviennent sur les mêmes épisodes militaires.
- Les ouvrages postérieurs reprennent les mêmes principes, y compris le livre de Pierre Miquel, le Chemin des Dames, paru à l’occasion du 80e anniversaire de l’offensive Nivelle, qui insiste sur la querelle entre civils et militaires comme clé d’interprétation.

- Le témoignage des combattants « reste à l’écart du récit de la bataille. » On fait par contre grand cas de la parole des chefs, dont les ouvrages sont abondamment utilisés et commentés. Les mémoires des soldats, qui sont pourtant la grande masse des écrits publiés sur la bataille à partir de la fin des années 20, sont négligées à moins d’évoquer des moments héroïques (Vuillermet) ou des polémiques (Bonnamy). Il faut citer le cas particulier des témoignages consacrés à l’engagement des chars (mais eux aussi vont dans le sens de l’héroïsme).
- « Les très nombreux témoignages publiés paraissent même frappés d’une forme d’indignité radicale dans leur rapport au récit de la bataille puisque c’est jusqu’à René-Gustave Nobécourt (1965), dont le principal propos est pourtant de rendre la bataille aux combattants, qui se passe de leurs services, leur préférant les témoignages inédits et anonymes qu’il a lui-même recueillis. »
- C’est cependant par les témoignages qu’arrive le récit des mutineries (le plus souvent déplorées), surtout dans la 2e vague de publication.




- « Contrairement à toutes les idées reçues, c’est bien dans l’urgence de l’actualité la plus ‟brûlanteˮ et dans le combat le plus polémique que s’élabore l’essentiel d’un récit bien peu corrigé par la suite. Le processus d’inlassable répétition du discours respectable de la ‟littératureˮ au sens large n’est ici possible que par l’oubli de ses formes antérieures et moins nobles. »







Source : Philippe Olivera, « Publier la bataille le ‟Chemin des Damesˮ (1917-1939 », in N. Offenstadt (dir.), Le Chemin des Dames. De l’événement à la mémoire, pages 298 à 316

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mercredi 20 octobre 2010

M comme Monument des Chasseurs alpins

- Monument élevé sur la commune de Braye-en-Laonnois, à l’extrémité du plateau de la Croix-sans-Tête

- Le 27e Bataillon de Chasseurs alpins est actif dans le secteur du Chemin des Dames en 1917. Il attaque en direction de Corbeny le 16, lors de l’offensive Nivelle, sans succès. Début juin, c’est le plateau de Californie, où « c’est un véritable enfer. »
- Le bataillon est à nouveau en première ligne en août, où il combat pour la tranchée de la Gargousse, repoussant le 10 une violente attaque allemande.
- Le 23 octobre, le 27e BCA participe à la bataille de La Malmaison avec pour objectif Pargny-Filain ; après avoir été longtemps bloqué, il parvient à contrôler le plateau puis à descendre vers le village et l’Ailette le 25.
(Historique)


- Le monument est l’œuvre de l’architecte André Lavorel. Il est inauguré le 31 août 1947 pour rendre hommage aux soldats du 27e BCA qui ont combattu pendant la première et, surtout, la deuxième guerre mondiale : de la terre d’Alsace et du plateau des Glières a été recueillie et placée dans deux niches aux pieds du monument. Le lieu a été choisi car le bataillon y a participé à de violents combats les 5 et 6 juin 1940, perdant le lieutenant Romieu (qui y avait son PC) notamment.

- Restauré en 2002, le monument du 27e BCA accueille régulièrement des cérémonies d’hommage aux soldats de cette unité.


Source : Lettre du Chemin des Dames n°8
Base Mérimée

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dimanche 17 octobre 2010

O comme Orainville


- Village des bords de la Suippe (rive gauche), au nord du fort de Brimont
- 460 habitants

- Orainville compte environ 220 habitants en 1914, avant que les Allemands n’occupent le village, pour toute la durée de la guerre malgré les tentatives françaises de la mi-septembre.

- Celui-ci devient une base arrière pour les soldats avant qu’ils partent en première ligne, vers Loivre ou le Mont Spin (Ernst Jünger y entend ses premières détonations d’obus en 1915).

- Le 16 avril 1917, des patrouilles qui passent par Berméricourt parviennent aux abords du village, mais le gros de l’infanterie ne suit pas et la ligne de front change peu.


- Orainville est libéré par les troupes françaises fin septembre 1918. La population, évacuée avant l’offensive Nivelle, n’est encore que de 103 habitants au recensement de 1921 (environ 160 aux suivants). En très grande partie détruit, le village est reconstruit.

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samedi 16 octobre 2010

V comme Voivenel (Paul)

- Intellectuel français
- Séméac (Hautes-Pyrénées) 1881 – Pamiers (Ariège) 1975

- Médecin à Toulouse (il choisit la psychiatrie), Paul Voivenel écrit aussi dans plusieurs journaux, notamment à propos de sa passion, le rugby.


- Entre 1914 et 1918, il sert comme médecin à la 67e DI de réserve, étudiant notamment le comportement des hommes face aux combats et à la peur. Il décrit notamment la « peur morbide », élément permettant d’expliquer certaines défaillances des soldats au front. Voivenel devient aussi spécialiste des gaz et publie de nombreux articles dans des journaux médicaux, devenant expert militaire (et titulaire de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur).

- En octobre 1917, Paul Voivenel participe à la bataille de La Malmaison. « A cinq heures, l’attaque d’infanterie se déclenche. Jour terne, humide. Dans le vent moisi, les feuilles du bois tourbillonnent. Ainsi font les hommes devant nous. Dès neuf heures, les « tuyaux » se multiplient et se contredisent. […] Et puis la phrase que l’on se passe des uns aux autres : « Tous les objectifs sont atteints. » […] Toute la nuit, les tirs de barrage violents ont souligné pour nous les contre-attaques boches. Nous n’aurons de tuyaux précis qu’avec les journaux et c’est là une des choses curieuses de la guerre actuelle : le combattant ne sait ce qui se passe autour de lui que par le communiqué officiel. »
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5596173s.image.r=l%27archer.f39.langFR.tableDesMatieres


- Après la guerre, il mêle ses activités médicales, journalistiques et littéraires, toujours très investi dans le milieu du rugby. Ses souvenirs de guerre, Avec la 67e Division de réserve, sont publiés sous forme d’articles dans la revue L’Archer.



Source principale :
http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/asclepiades/pdf/lestrade.pdf

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mercredi 13 octobre 2010

T comme Tranchée anglaise



- Tranchée située sur le plateau de Vregny, au nord de Bucy-le-Long

- La tranchée anglaise doit sans doute son nom aux soldats britanniques qui se trouvent dans le secteur lorsque le front se stabilise, en septembre 1914, et qui sont relevés quelques semaines plus tard par les Français.
- René-Gustave Nobécourt l’évoque (ou est-ce une autre, homonyme ?) dans son ouvrage : « Les Anglais, avec lesquels les tirailleurs voisinaient, échangeant cigarettes et fromage, construisaient une tranchée aussi, mais pas de la même façon : ils en coupaient de pare-éclats la rectitude. Ce sont des précautions que la guerre enseigne, quand elle est ‟de siègeˮ. […] Est-ce cette première tranchée du Chemin des Dames qui, jusqu’à la fin de la guerre, garda le nom de la‟ tranchée anglaiseˮ parmi tous les noms très divers qui permettaient de se situer dans ce labyrinthe de couloirs enterrés, sans autre repère parfois que le pied d’un mort sortant d’un parapet ? » (RG Nobécourt, op. cit., page 52)


- Au début de 1915, la tranchée anglaise constituent la 3e ligne de défense française. Il s’agit en fait d’un ensemble défensif : le JMO du 352e RI évoque LES tranchées anglaises, la première étant la « tranchée anglaise des observatoires ».
(pages 1 et 3)

- Le 13 janvier, alors que la bataille de Crouy fait rage depuis 5 jours, les Français tentent de résister à la pression allemande sur le plateau de Vregny à partir de ce point d’appui. A la mi-journée, ce sont « coude à coude, huit lignes d’Allemands qui montaient à l’assaut de la tranchée anglaise en face de la 18e compagnie, il y avait plus de mille hommes. En arrière, des masses progressaient dans la même direction. » (lieutenant Pey, 352e RI) La position française est ensuite contournée par la droite, obligeant les Français à l’évacuer vers 14 heures: « l’ennemi débouchait dans la tranchée anglaise, venant de notre droite, la suivant. Nous avons tiré puis le repli a commencé, en tirant quand il était possible, à cause des sinuosités de la tranchée. Par divers boyaux nous avons pu gagner le chemin creux du Montcel où se trouvait une pièce de 75 abandonnée. » (adjudant Caillat, 4e BCTP)




Source principale : F. Beauclerc, op. cit., page 113 notamment

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dimanche 10 octobre 2010

R comme Ripout (Paul)



- Soldat français
- Vieux Mareuil (Dordogne) 1891 – Juvincourt 1917

- En 1917, Paul Ripout est mitrailleur dans un char à l’AS 6 (« Artillerie spéciale »).

- La veille de l’offensive Nivelle, il écrit une lettre à ses parents.

« Dimanche, le 15 avril 1917, 13 heures, en attendant la bataille.

Bien Chers Parents,
Je ne puis savoir ce qui va en advenir. Je vous fais cette petite lettre avant de partir au combat qui, j’espère, sera des plus bénins. Mais toute fois que sur mon corps on découvre cette petite missive et qu’elle vous parvienne, prenez-la pour un salut que votre fils et frère vous fait avant d’affronter le danger, et qu’elle vous soit un puissant réconfort, car j’y mets un peu de tout moi-même. Ce matin j’ai été à la messe et j’ai communié ; je demande au Très-Haut de vous protéger sur cette terre, de vous venir en aide dans vos peines qui vont peut-être être cruelles, mais, croyez votre fils et frère, en mettez pas beaucoup d’attachement aux choses matérielles, nous sommes peu de chose sur cette planète. Si je ne puis revenir vous voir, ne croyez pas que je regrette de vivre, au contraire, j’aurais bien voulu revenir avec vous pour vous prouver la reconnaissance que vous méritez après tant de peines, et après toutes les choses que vous endurez comme douleur de voir au danger ceux que vous avez élevés jusqu’à vingt ans, et comme moi avec beaucoup de larmes et de veilles.
Je vais écrire à mon Frère Henry : il fait partie de l’armée de poursuite [la 10e Armée - NDLR] qui me suit aussitôt la 1ère avance. Ca va être dur, nous avons quelque chose à faire. Mais d’un côté, je préfèrerais que cette lettre ne vous parvienne pas, que ce soit moi-même qui vous arrive avec la paix et le bonheur.

Je vais vous dire au revoir, Chers Parents bien aimés.
Mes plus tendres baisers.
Paul »



- Paul Ripout n’apportera jamais en personne cette lettre à ses parents, qui la font encadrer dans leur salle à manger.
- Il est enterré dans la nécropole de Berry-au-Bac (tombe 72).




Fiche MPF
Fiche du Mémorial



Source : Lettre du Chemin des Dames n° 11


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vendredi 8 octobre 2010

T comme Tyrol



- Saillant situé à l’est du vieux Craonne, en bordure du village, qui tire son nom de la célèbre région alpine.
- C’est le pendant du saillant de Jutland, situé à l’ouest.


- Le saillant du Tyrol est un des bastions défensifs essentiels pour les Allemands dans le secteur lors de l’offensive Nivelle. Il est l’un des points où les troupes françaises sont bloquées et perdent beaucoup d’éléments.

- Le 8e RI attaque vers ces hauteurs le 16 avril 1917, mais les défenseurs du Tyrol font des ravages en son sein ; « notre attaque est prise d’enfilade par les mitrailleuses du saillant du Tyrol et de la Californie, qui sont intactes. » (général Guignabaudet, commandant de la 2e DI). « Toute progression devient dorénavant impossible ; à chaque tentative les canons revolvers de l’arrête Est du plateau de Californie, les mitrailleuses de Craonne, les mitrailleuses et fusils mitrailleurs du saillant de Tyrol, de même que les mitrailleuses des ouvrages Sud de Chevreux fauchent tout ce qui passe. » (JMO)

- Le 233e RI se trouve juste à gauche du 8e, bloqué aussi par les défenses allemandes ; la liaison entre les deux régiments est impossible tant les pertes ont lourdes et l’avancée bien moindre que prévue.
- La progression se fait mètre par mètre en direction de Craonne dans les jours suivants. Le saillant du Tyrol est finalement pris, mais soumis aux contre-attaques allemandes il doit être organisé défensivement.


- Pendant plusieurs semaines, le Tyrol est au cœur des combats autour de Craonne et du plateau de Californie.
- Sa dangerosité diminue lorsque la première ligne s’éloigne, le 2 novembre 1917, les Allemands se repliant sur l’Ailette. Ne restent alors que les ruines et les traces des combats, avant que la végétation, après-guerre, devienne la véritable maîtresse du saillant du Tyrol. « Le soir, nous quittons l’Ouvrage de la Corne dans le bois de Beaumarais, où nous sommes en soutien et au repos depuis 6 jours, et nous montons en première ligne sur le plateau de Craonne, face à Bouconville. […] Depuis le bois de Beaumarais jusqu’au haut du plateau, il y a une pente abrupte. Il faut monter d’abord par des boyaux rampants et tortueux jusque dans les ruines du bourg de Craonne. De là, nous passons près des décombres de l’église et du cimetière. » (Paul Clerfeuille, 16 avril 1918, cité par R. Cazals)

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